Litanies d’amour

 
Je lui disais souvent : vous êtes ma Madone
Et mon âme est un lis d’argent que je vous donne.

J’ai pleuré mes péchés comme font les pécheurs
Et je suis maintenant digne de vos blancheurs.

J’ai le ferme propos, le propos salutaire
De ne plus retomber en péché volontaire.

Je ne veux plus aimer d’autre vierge que vous
Et je suis l’enfant de chœur qui vous sert à genoux,

Je suis l’enfant de chœur qui passe, qui s’incline
Sous votre souvenir vêtu de mousseline.

Quelque fois je vous donne, et cela m’est charmant,
Des noms de litanie avec recueillement.

Je voudrais bien encore appuyer sur les pointes
De vos souliers brodés, appuyer mes mains jointes.

Et j’enluminerai selon le rituel
Un poème d’amour qui nous soit un missel,

Un missel où, parmi de longues banderoles,
Des strophes tout en fleurs ouvriront leurs corolles,

Où vous verrez sous l’or fluide des ciels fins,
Mes aveux prosternés comme des séraphins,

Où je vous vêtirai d’une robe de moire
Pour que le temps futur vous garde en sa mémoire,

Et qu’à vous voir si belle en des rameaux verts
Sur le mystique autel qu’auront bâti mes vers

D’autres hommes plus tard, ô ma vierge ingénue,
Vous aiment comme moi sans vous avoir connue.

Collection: 
1913

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