Paix des soirs dans les bois sauvages,
Bleu silence des nuits sous les cieux étendu,
Charme apaisant des mers mourant sur les rivages,
Rendez-moi le repos que mon âme a perdu !
Parfums des brises matinales,
Du jour au flanc des monts ineffables blancheurs,
Rosée, urnes des lys aux perles virginales,
Sur ma tempe embrasée épandez vos fraîcheurs !
Murmures des gorges profondes,
Souffles mystérieux des bois où l’aube a lui,
Ondoîments des moissons, balancements des ondes,
Bercez d’un cœur navré, bercez l’intense ennui !
D’où vient le trouble qui m’assiège ?
Pourquoi ce vide morne, ô Dieu ! cette langueur ?
Les beaux jours sont-ils morts ? et l’âge, de sa neige,
A-t-il blanchi ma tête ? a-t-il glacé mon cœur ?
Non ! de ses plus riches corbeilles
Mon radieux été me verse le trésor :
Dans les sureaux en fleur bourdonnent les abeilles,
Au ciel l’astre de juin roule son disque d’or.
Et pourtant ma vie est troublée !
D’un indicible ennui je me sens consumer.
Brises des eaux, senteurs des bois, voûte étoilée,
Guérissez-moi ! mon âme est malade d’aimer.