A ce cœur altéré d’amour et de lumière,
O Dieu ! pourquoi n’offrir qu’un pain trempé de fiel ?
Que ne l’as-tu fait naître en quelque humble chaumière
Sur la haute montagne où l’on est près du ciel !
Que ne lui donnas-tu, loin de la multitude,
Avec un toit à l’ombre où cacher ses amours,
Une Ève, âme des bois et de la solitude,
Illuminant sa vie, édénisant ses jours !
Depuis l’heure où, la nuit ayant plié ses voiles,
L’abeille est dans la brise et l’aube est sur les monts,
Jusqu’à l’heure où là-haut éclosent les étoiles,
Chastes fleurs dont le ciel parsème ses vallons,
Loin du monde, abrité comme en un nid fidèle,
Sous le modeste sort, don béni de tes mains,
Il eût vécu sa vie à l’ombre de ton aile,
Dans l’amour d’un seul être et l’oubli des humains.
Hélas ! il n’en fut point ainsi… Pardonne, ô Maître !
A ce dernier regard jeté vers le bonheur.
Quel que soit l’avenir, il saura s’y soumettre,
Et quand tu diras : « Marche ! » il marchera Seigneur !
Fidèle aux vérités à qui ce monde insulte,
A défendre le faible, il bravera le fort,
Et, protestant au nom des victimes du sort,
Au droit vaincu toujours il gardera son culte !