Les Quatre Vents

 
    Les quatre Vents se sont réunis sous mon toit.
    Voici le Vent du Nord revêtu de blanc froid…
    Voici le Vent du Sud portant les odeurs chaudes
    Et toi, Vent de l’Ouest, qui pleures et qui rôdes !…

    Te voici, Vent de l’Est amer et bienfaisant,
    Toi dont les larges cris font trembler les cœurs lâches,
    Toi qui grondes, toi qui domines, qui te fâches,
    Toi qui donnes la force et la gloire du sang !

    Vous voici réunis, ô quatre Vents que j’aime !
    Et vous chantez, et vous criez tous réunis
    Avec la joie et de désespoir infinis
    Que ressent le poète en face du poème.

    Tous vous obéissez au signe de mon doigt.
    Mais, ô Vent de l’Ouest, qui rôdes et qui pleures,
    C’est vers toi que s’en vont les songes de mes heures !…
    Les quatre Vents se sont réunis sous mon toit.

Collection: 
1897

More from Poet

  • À Madame L.D. M...

    Le soir s'est refermé, telle une sombre porte,
    Sur mes ravissements, sur mes élans d'hier...
    Je t'évoque, ô splendide ! ô fille de la mer !
    Et je viens te pleurer comme on pleure une morte.

    L'air des bleus horizons ne gonfle plus tes seins,...

  • Le jour ne perce plus de flèches arrogantes
    Les bois émerveillés de la beauté des nuits,
    Et c'est l'heure troublée où dansent les Bacchantes
    Parmi l'accablement des rythmes alanguis.

    Leurs cheveux emmêlés pleurent le sang des vignes,
    Leurs pieds vifs sont légers...

  • Le soir était plus doux que l'ombre d'une fleur.
    J'entrai dans l'ombre ainsi qu'en un parfait asile.
    La voix, récompensant mon attente docile,
    Me chuchota: "Vois le palais de la douleur".

    Mes yeux las s'enchantaient du violet, couleur
    Unique car le noir dominait....

  • Le soir, ouvrant au vent ses ailes de phalène,
    Évoque un souvenir fragilement rosé,
    Le souvenir, touchant comme un Saxe brisé,
    De ta naïveté fraîche de porcelaine.

    Notre chambre d'hier, où meurt la marjolaine,
    N'aura plus ton regard plein de ciel ardoisé,
    Ni...

  • Ô Sommeil, ô Mort tiède, ô musique muette !
    Ton visage s'incline éternellement las,
    Et le songe fleurit à l'ombre de tes pas,
    Ainsi qu'une nocturne et sombre violette.

    Les parfums affaiblis et les astres décrus
    Revivent dans tes mains aux pâles transparences
    ...