Enfants des airs, heureux oiseaux, lyres ailées,
Qui passez si légers, si libres dans les champs ;
Hôtes harmonieux des monts et des vallées,
Qui dépensez vos jours dans la joie et les chants ;
Poètes qui chantez en tous lieux, à toute heure,
Ignorant les soucis dont l’homme est agité ;
Qui, le soir, dans les bois trouvez une demeure,
Et dans l’air, le matin, trouvez la liberté ;
Rivaux heureux, rivaux aux chansons éternelles,
Que je vous porte envie en vous suivant des yeux !
Quand la terre a blessé vos pieds, ouvrant les ailes,
Vous pouvez fuir du moins et monter vers les cieux.
Vous prodiguant les biens dont la nature est pleine,
Le sort vous livre tout sans lutte et sans combats ;
Sans suspendre vos chants vous trouvez dans la plaine
L’eau claire et l’épi mûr que nous n’y trouvons pas.
Le ciel qui vous sourit est pour nous bien austère ;
Il a courbé nos jours sous un bien lourd fardeau :
Pour rafraîchir les fronts que la pensée altère,
Les rameaux n’ont point d’ombre et les fleurs n’ont point d’eau.
Chanteurs favorisés, ô voix pleines de charmes !
Oui ! la terre vous aime, oui ! le sort vous est doux.
Bénissez donc le ciel, oiseaux, gosiers sans larmes !
Bénissez-le pour vous et priez-le pour nous !
Priez Dieu qu’il nous fasse, après les jours contraires,
Et des cieux plus cléments et des soleils meilleurs ;
Priez Dieu pour qu’il donne aux poètes, vos frères,
Un épi dans la plaine et de l’eau dans les fleurs.
ENVOI AU POÈTE OCTAVE LACROIX
De l’oiseau vous avez, ami, la voix et l’aile ;
Comme lui vous fuyez la terre pour le ciel.
A l’idéal en vous le poète est fidèle :
Vous aimez, vous chantez, cœur d’or, esprit sans fiel.