La petite Marie est morte,
Et son cercueil est si peu long
Qu’il tient sous le bras qui l’emporte
Comme un étui de violon.
Sur le tapis et sur la table
Traîne l’héritage enfantin.
Les bras ballants, l’air lamentable,
Tout affaissé, gît le pantin.
Et si la poupée est plus ferme,
C’est la faute de son bâton ;
Dans son œil une larme germe,
Un soupir gonfle son carton.
Une dînette abandonnée
Mêle ses plats de bois verni
À la troupe désarçonnée
Des écuyers de Franconi.
La boîte à musique est muette ;
Mais, quand on pousse le ressort
Où se posait sa main fluette,
Un murmure plaintif en sort.
L’émotion chevrote et tremble
Dans : Ah ! vous dirai-je, maman !
Le Quadrille des Lanciers semble
Triste comme un enterrement ;
Et des pleurs vous mouillent la joue
Quand La Donna è mobile,
Sur le rouleau qui tourne et joue,
Expire avec un son filé.
Le cœur se navre à ce mélange
Puérilement douloureux,
Joujoux d’enfant laissés par l’ange,
Berceau que la tombe a fait creux !