Les dimanches : tant de tristesse et tant de cloches

Les dimanches : tant de tristesse et tant de cloches !
Volets fermés, outils au repos, piano
Grêlement tapoté par des doigts sans anneau,
Des doigts de vierges dont les coeurs sont sans reproches.

Solitude où quelques passants ; vêpres qui geint ;
Couleur de demi-deuil planant sur les dimanches,
Avec de la fumée en lentes vapeurs blanches
Et du triste dans l'air comme un jour de toussaint.

Silence des quartiers monotones. L'espace
Est indistinct, d'un vague où tout semble éloigné ;
Et l'on entend, tandis que le soir a saigné,
Les lointains cris d'enfants en oubli de la classe.

Sois-même, dans la rue, on regrette les bons
Naguères parmi la maison familiale
Et son enfance et l'âme en ce temps liliale
Et la tiède chaleur de lampe et de charbons.

Les dimanches : tant de tristesses ! Tant de cloches
Vers le faubourg où la lenteur des pas conduit...
Une lanterne en ce commencement de nuit
S'éclaire doucement comme un oeil qui reproche.

L' horizon noir ressemble à des linceuls cousus...
Puis voici qu'un second réverbère s'allume
Triste, si triste au loin, clignotant dans la brume,
Tous deux, - comme les yeux d'enfants qu'on n'a pas eus.

Collection: 
1877

More from Poet

  • L'hostie est comme un clair de lune dans l'église.
    Or les songeurs errants et les extasiés
    Qui vont par les jardins où dans une ombre grise
    Des papillons fripés meurent sur les rosiers,

    Ceux que la nuit pieuse a pour catéchumènes
    Regardant l'astre à la chevelure d'...

  • On aura beau s'abstraire en de calmes maisons,
    Couvrir les murs de bon silence aux pâles ganses,
    La vie impérieuse, habile aux manigances,
    A des tapotements de doigts sur les cloisons.

    Dans des chambres sans bruit on aura beau s'enclore,
    On aura beau vouloir, comme...

  • Ses yeux où se blottit comme un rêve frileux,
    Ses grands yeux ont séduit mon âme émerveillée,
    D'un bleu d'ancien pastel, d'un bleu de fleur mouillée,
    Ils semblent regarder de loin, ses grands yeux bleus.

    Ils sont grands comme un ciel tourmenté que parsème
    - Par les...

  • Ah ! Vous êtes mes soeurs, les âmes qui vivez
    Dans ce doux nonchaloir des rêves mi-rêvés
    Parmi l'isolement léthargique des villes
    Qui somnolent au long des rivières débiles ;

    Ames dont le silence est une piété,
    Ames à qui le bruit fait mal ; dont l'amour n'aime...

  • Seuls les rideaux, tandis que la chambre est obscure,
    Tout brodés, restent blancs, d' un blanc mat qui figure
    Un printemps blanc parmi l'hiver de la maison.
    Sur les vitres, ce sont des fleurs de guérison

    Pareilles dans le soir à ces palmes de givre
    Que sur les...