Les cloches et les larmes

Sur la terre où sonne l'heure,
Tout pleure, ah ! mon Dieu ! tout pleure.

L'orgue sous le sombre arceau,
Le pauvre offrant sa neuvaine,
Le prisonnier dans sa chaîne
Et l'enfant dans son berceau ;

Sur la terre où sonne l'heure,
Tout pleure, ah ! mon Dieu ! tout pleure.

La cloche pleure le jour
Qui va mourir sur l'église,
Et cette pleureuse assise
Qu'a-t-elle à pleurer ?... L'amour.

Sur la terre où sonne l'heure,
Tout pleure, ah ! mon Dieu ! tout pleure.

Priant les anges cachés
D'assoupir ses nuits funestes,
Voyez, aux sphères célestes,
Ses longs regards attachés,

Sur la terre où sonne l'heure,
Tout pleure, ah ! mon Dieu ! tout pleure.

Et le ciel a répondu :
"Terre, ô terre, attendez l'heure !
J'ai dit à tout ce qui pleure,
Que tout lui sera rendu."

Sonnez, cloches ruisselantes !
Ruisselez, larmes brûlantes !
Cloches qui pleurez le jour !
Beaux yeux qui pleurez l'amour !

Collection: 
1823

More from Poet

  • Ô délire d'une heure auprès de lui passée,
    Reste dans ma pensée !
    Par toi tout le bonheur que m'offre l'avenir
    Est dans mon souvenir.

    Je ne m'expose plus à le voir, à l'entendre,
    Je n'ose plus l'attendre,
    Et si je puis encor supporter l'avenir,
    C'est...

  • N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
    Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
    J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
    Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.
    N'écris pas !

    N'écris pas. N'apprenons qu'à mourir à...

  • Tu m'as connue au temps des roses,
    Quand les colombes sont écloses ;
    Tes yeux alors pleins de soleil
    Ont brillé sur mon teint vermeil.
    Souriant à ma destinée,
    Par ta douce force entraînée,
    Je ne t'aimai pas à demi,
    Mon jeune ami, mon seul ami !

    À...

  • Vous souvient-il de cette jeune amie,
    Au regard tendre, au maintien sage et doux ?
    À peine, hélas ! Au printemps de sa vie,
    Son coeur sentit qu'il était fait pour vous.

    Point de serment, point de vaine promesse :
    Si jeune encore, on ne les connaît pas ;
    Son...

  • Des roses de Lormont la rose la plus belle,
    Georgina, près des flots nous souriait un soir :
    L'orage, dans la nuit, la toucha de son aile,
    Et l'Aurore passa triste, sans la revoir !

    Pure comme une fleur, de sa fragile vie
    Elle n'a respiré que les plus beaux...