Le Sonnet des épaules


La courbe n’eut jamais d’inflexions plus douces,
Excepté quand elle eſt le ſein pur & charmant.
Elles laiſſent tomber leurs ondes mollement
Dans la ſucceſſion des lignes ſans ſecouſſes.

Une ombre d’or que font des duvets & des mouſſes !
A l’aiſſelle en finit l’épanouiſſement ;
Et les ſonges légers qui viennent en aimant
Sur elles vont dormir au bord des trèſſes rouſſes.

Opulentes, ſans rien qui ſente la maigreur,
Elles ont, n’étant pas ſujettes à l’erreur,
L’impeccabilité de marbre des déeſſes.

Nul voiſinage exquis n’eſt pour elles gênant !
Elles n’ont pas beſoin de faire des promeſſes.
Car elles ſont un tout ſuprême & rayonnant.

Collection: 
1869

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...

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