Il a plu toute la journée ;
Les arbres rêvent tristement,
Et sur chaque feuille inclinée,
On voit trembler un diamant.
Mais au milieu du jour qui baisse,
Devant le grand ciel assombri,
Je sens une vague tristesse
Qui s’empare de mon esprit.
Au delà de la voûte grise,
Je voudrais, en un seul élan,
De lumière éclatante éprise,
Fuir dans le ciel étincelant ;
Comme le plongeur téméraire
Qui, d’un effort audacieux,
En frappant de son pied la terre
Remonte vers le jour des cieux,
Je voudrais, joyeuse et rapide,
Dans un semblable et noble effort,
Au delà du ciel gris et vide
Rejoindre enfin le soleil d’or.
Bevaix, 26 août 1882.