Le Sacrifice

Rien ne vaut sous les cieux l’immortelle Liqueur,
Le Sang sacré, le Sang triomphal, que la Vie,
Pour étancher sa soif toujours inassouvie,
Nous verse à flots brûlants qui jaillissent du cœur.

Jusqu’au ciel idéal dont la hauteur l’accable,
Quand l’Homme de ses Dieux voulut se rapprocher,
L’holocauste sanglant fuma sur le bûcher
Et l’odeur en monta vers la nue implacable.

Domptant la chair qui tremble en ses rébellions,
Pour offrir à son Dieu sa mort expiatoire,
Le Martyr se couchait, sous la dent des lions,
Dans la pourpre du sang comme en un lit de gloire.

Mais si le ciel est vide et s’il n’est plus de Dieux,
L’amère volupté de souffrir reste encore,
Et je voudrais, le cœur abîmé dans ses yeux,
Baigner de tout mon sang l’autel où je l’adore !

Collection: 
1895

More from Poet


  • ...

  •  
    LE THÉRAPEUTE.

    O sainte et vieille Égypte, empire radieux,
    Impénétrable temple où se cachaient les dieux,
    O terre d'Osiris, ô reine des contrées,
    Heureux qui vit le jour dans tes plaines sacrées !
    Bienheureux l'étranger ! — Vînt-il des bords aimés
    Où...

  •  

    Certes, ce monde est vieux, presque autant que l’enfer.
    Bien des siècles sont morts depuis que l’homme pleure
    Et qu’un âpre désir nous consume et nous leurre,
    Plus ardent que le feu sans fin et plus amer.

    Le mal est de trop vivre, et la mort est...

  • Ô mon Seigneur Christus ! hors du monde charnel
    Vous m’avez envoyé vers les neuf maisons noires :
    Je me suis enfoncé dans les antres de Hel.

    Dans la nuit sans aurore où grincent les mâchoires,
    Quand j’y songe, la peur aux entrailles me mord !
    J’ai vu lâ...

  • Tandis qu’enveloppé des ténèbres premières,
    Brahma cherchait en soi l’origine et la fin,
    La Mâyâ le couvrit de son réseau divin,
    Et son cœur sombre et...