Rien ne vaut sous les cieux l’immortelle Liqueur,
Le Sang sacré, le Sang triomphal, que la Vie,
Pour étancher sa soif toujours inassouvie,
Nous verse à flots brûlants qui jaillissent du cœur.
Jusqu’au ciel idéal dont la hauteur l’accable,
Quand l’Homme de ses Dieux voulut se rapprocher,
L’holocauste sanglant fuma sur le bûcher
Et l’odeur en monta vers la nue implacable.
Domptant la chair qui tremble en ses rébellions,
Pour offrir à son Dieu sa mort expiatoire,
Le Martyr se couchait, sous la dent des lions,
Dans la pourpre du sang comme en un lit de gloire.
Mais si le ciel est vide et s’il n’est plus de Dieux,
L’amère volupté de souffrir reste encore,
Et je voudrais, le cœur abîmé dans ses yeux,
Baigner de tout mon sang l’autel où je l’adore !