Le Parnasse contemporain/1866/L’Arche

Le grand cintre de l’arche encadre un clair tableau.
En attendant Avril et pour la bienvenue
Des fleurs, le ciel sourit et le froid s’atténue.
Au premier plan, la rive en pente douce, et l’eau.

Peinte légèrement du bout d’un fin pinceau,
Profilant sur l’azur sa silhouette nue,
Une ile, avec des airs de baigneuse ingénue,
Sort du fleuve, et les joncs lui font un frais berceau

Le froid soleil d’hiver, qui ne fait rien éclore,
Glisse sur les coteaux dans sa pourpre incolore,
Comme un hôte ennuyé prompt à gagner le seuil.

Mais la tonnelle semble attendre sur la grève,
Et j’entends clairement pétiller dans l’auberge
La friture dorée et le vin d’Argenteuil.

Collection: 
1971

More from Poet

  • Derrière l'épaisseur lucide du carreau
    Un paysage grêle, une miniature,
    Fait voir chaque détail plus petit que nature
    Et tient entre les quatre arêtes du barreau.

    Ce transparent posé d'aplomb sur le tableau
    Montre un ciel triste encore et d'une couleur dure,
    ...

  • A Catulle mendès.

    Les Parisiens, entendus
    Aux riens charmants plus qu'au bien-être,
    Se font des jardins suspendus
    D'un simple rebord de fenêtre,

    On peut voir en toute saison
    Des fils de fer formant treillage
    Faire une fête à la maison
    De quelques...

  • À l'abri de l'hiver qui jetait vaguement
    Sa clameur, dans la chambre étroite et bien fermée
    Où mourait un bouquet fait de ta fleur aimée,
    Parmi les visions de l'étourdissement ;

    Pendant qu'avec la joie extrême d'un amant
    Je froissais d'un coeur las et d'une main...

  • Le bal allait finir. Les lustres sur les masques
    Découpaient la lumière en caprices fantasques,
    Et sur les fronts ternis montraient à vif le fard.
    L'oeil était somnambule et le rire blafard.
    La femme avait vieilli de dix ans en une heure.
    Ce n'était pas le beau...

  • Du wagon sombre où rien ne bouge, où rien ne luit,
    Las des rêves, mauvais compagnons pour la nuit,
    Le voyageur, avec le jour, cherchant l'espace,
    Salue en souriant la campagne qui passe :
    Les arbres, les moissons hautes, l'azur des prés
    Lointains, sur le penchant...