Le Parfum impérissable

Quand la fleur du soleil, la rose de Lahor,
De son âme odorante a rempli goutte à goutte
La fiole d’argile ou de cristal ou d’or,
Sur le sable qui brûle on peut l’épandre toute.

Les fleuves et la mer inonderaient en vain
Ce sanctuaire étroit qui la tint enfermée :
Il garde en se brisant son arôme divin,
Et sa poussière heureuse en reste parfumée.

Puisque par la blessure ouverte de mon cœur
Tu t’écoules de même, ô céleste liqueur,
Inexprimable amour, qui m’enflammais pour elle !

Qu’il lui soit pardonné, que mon mal soit béni !
Par delà l’heure humaine et le temps infini
Mon cœur est embaumé d’une odeur immortelle !

Collection: 
1886

More from Poet


...

 
LE THÉRAPEUTE.

O sainte et vieille Égypte, empire radieux,
Impénétrable temple où se cachaient les dieux,
O terre d'Osiris, ô reine des contrées,
Heureux qui vit le jour dans tes plaines sacrées !
Bienheureux l'étranger ! — Vînt-il des bords aimés
Où...

 

Certes, ce monde est vieux, presque autant que l’enfer.
Bien des siècles sont morts depuis que l’homme pleure
Et qu’un âpre désir nous consume et nous leurre,
Plus ardent que le feu sans fin et plus amer.

Le mal est de trop vivre, et la mort est...

Ô mon Seigneur Christus ! hors du monde charnel
Vous m’avez envoyé vers les neuf maisons noires :
Je me suis enfoncé dans les antres de Hel.

Dans la nuit sans aurore où grincent les mâchoires,
Quand j’y songe, la peur aux entrailles me mord !
J’ai vu lâ...

Tandis qu’enveloppé des ténèbres premières,
Brahma cherchait en soi l’origine et la fin,
La Mâyâ le couvrit de son réseau divin,
Et son cœur sombre et...