COMME un fantôme horrible au milieu d’une fête,
Dans l’essaim triomphal de mes rêves joyeux,
Le Mauvais Souvenir, des larmes plein les yeux,
Est apparu, venant d’autrefois, dans ma tête.
Tout mon être a tremblé d’angoisse et de défaite !
Sa présence a vaincu le rire harmonieux ;
Le Mauvais Souvenir, spectre capricieux,
Règne en triste empereur dédaignant sa conquête !
Les beaux espoirs sont morts à ses pieds. Il est seul
Dans le cœur dévasté qui semble un grand linceul,
Vivant, sombre et fatal, gémissant dans sa gloire…
Et comme il est venu, sans désir ni raison,
Il rentrera tranquille au fond de la mémoire
Ainsi qu’un assassin retourne à sa prison !