La Fleur du Lotus

Médite sur la fleur divine du lotus,
Cette image du monde,
Sur la fleur au cœur blanc, perçant comme Vénus
La surface de l’onde.

Elle étale sa fleur et son calice pur
Sur les eaux d’un grand fleuve.
Et s’ouvre tous les jours aux baisers de l’azur,
Qui de clarté l’abreuve ;

Les étoiles du ciel, et la lune qui luit,
Pâle à travers les palmes,
Répandent sur son cœur, lorsque descend la nuit,
L’air des régions calmes ;

Et tranquille elle dort sur l’abîme béant,
Ignorante des causes
Qui, pour l’y replonger, l’avaient prise au néant,
Où rentrent toutes choses.

Collection: 
1860

More from Poet

  • Les êtres pour le Sage ont l'aspect de fantômes ;
    Vaine agitation de forces et d'atomes,
    Un mouvement sans but tourmente l'univers,
    Que sans but réfléchit l'eau calme de mes vers.

  • Tout est mensonge : aime pourtant,
    Aime, rêve et désire encore ;
    Présente ton coeur palpitant
    À ces blessures qu'il adore.

    Tout est vanité : crois toujours,
    Aime sans fin, désire et rêve ;
    Ne reste jamais sans amours,
    Souviens-toi que la vie est brève...

  • Le sage aime la paix et la douceur des plantes,
    Leurs regards féminins et leur sérénité,
    Et le sage aime aussi les bêtes nonchalantes
    Qui dorment près de lui dans l'immobilité.

    Le soir, quand il succombe au lourd poids de la vie,
    Qu'il est las de penser et de rêver...

  • Ô nuit, ô belle nuit, pâle comme sa chair :
    Je rêve au passé mort, je rêve au passé clair...

    Je revois ta chair pâle, et rêve aux heures mortes,
    Où notre joie, où notre extase étaient si fortes !

    Le rossignol des nuits d'alors ne chante plus :
    Je songe à tes...

  • La nuit splendide et bleue est un paon étoilé
    Aux milliers d'yeux brillants comme des étincelles,
    Qui fait la roue et marche, ou vole et bat des ailes
    Devant ton trône, Allah, à nos regards voilé.