L’Internationale

Quel est ce pouvoir invisible
Qui, dit-on, nous imposera
La République indivisible,
Socialiste, et cetera ?
Qui marche avec mystère,
Et partout en passant,
Veut arroser la terre
De larmes et de sang ?

Refrain :

Ce pouvoir mystérieux,
Cette puissance infernale,
C'est l'Internationale
Qui conspire en tous lieux.

Nous savons ce qu'elle imagine,
Et le drapeau qu'elle implanta ;
Mais nul ne sait son origine,
Ni le démon qui l'enfanta.
Son chef, il nous échappe,
Pour frapper, toujours là,
Aucun de ceux qu'il frappe
N'a crié : le voilà !

Refrain

Dans tous les bagnes acclamée,
Pour tenter son premier essai,
Elle a recruté son armée
A Cayenne, à Botany-Bay.
Oui, parcourant du monde
Toutes les régions,
De chaque bouge immonde
Sortent ses légions.

Refrain

Et que font-ils ces nouveaux reîtres
Quand ils se sont confédérés ?
Est-ce par haine pour les prêtres,
Qu'ils volent les vases sacrés ?
Non, c'est pour aller boire,
Croyant, à sa couleur,
Que dans un saint-ciboire
Le vin sera meilleur.

Refrain

Du héros que pleure Bellone,
Voulant effacer les succès,
Elle nous dit que la colonne
Est la honte du nom Français.
Ainsi, dans leurs colères,
Des monstres triomphants
De la gloire des pères
Font rougir les enfants !

Refrain

Chez nous quand la Prusse échelonne
Ses bataillons victorieux,
Des Français frappent la colonne
Pour la renverser à leurs yeux !
Et quoi, ces cannibales,
Eux, nos concitoyens ?
Non, ce sont des vandales
Payés par les Prussiens !

Refrain

Perquisitions, racolages,
Suspension des tribunaux,
Vols, rapines, meurtres, pillages,
Et suppression des journaux :
Voilà, sans crainte aucune,
Ce qu'ils ont décrété
Au nom de la Commune
Et de la Liberté !

Refrain

Et toi, bourgeois, bourgeois stupide,
Bourgeois poltron, bourgeois taquin,
Bourgeois jaloux, bourgeois perfide,
Autocrate et républicain,
De les voir tout défaire
Bêtement satisfait,
Tu les a laissé faire...
Et pour toi c'est bien fait !

Refrain

Assez de honte et d'infamie !
Quand les brigands de tous pays
Forment une ligue ennemie,
Honnêtes gens, soyez unis !
Comptez ce que vous êtes,
Et s'il est attesté
Que les hommes honnêtes
Sont en majorité,

Refrain final :

Alors on arrêtera
Cette puissance infernale
Et l'Internationale
Au bagne rentrera !

Collection: 
1871

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