Vous me demandez mon sargent,
Ç' que j' pens' des affair's du moment :
Que ça m' paraît s'embarbouiller,
Que ça m' paraît s'entortiller
A n' pouvoir s'désentortiller ;
De mille affiches, l' mois passé,
L' mur d'en face était tapissé ;
Des affich's et des orateurs,
Y en avait de tout's les couleurs.
Refrain
Dam ! la politique,
C'est tique, tique, tique,
Tique, tique, tique, tique,
Un' drôl' de mécanique ;
Dam ! la politique,
C'est tique, tique, tique,
Tique, tique, tique, tique,
Un fier gâchis,
Que j' vous l' dis :
Ton, ton,
Rapetipeton,
Rapetipeton,
Rapetipompette ;
Ton, ton,
Rapetipeton,
Rapetipeton,
Rapetipompon !
D' bien juger chacun s' croit l' talent :
Les uns voient roug', les autres blanc ;
Bref ! chacun voit selon son goût,
Y en a même et d' ceux-là beaucoup
Qui, je l' crois, n' voient rien du tout;
Mais ce qui m'étonne surtout,
C'est que l' bourgeois, qui s' plaint partout
Sitôt qu'il ne vend plus beaucoup,
Vot' pour ne plus vendre du tout.
Refrain
J' croyais, dans ma naïveté,
Qu' tout en aimant la liberté,
L' Parisien serait enchanté
D'avoir de la tranquillité,
C'était de l'estupidité ;
L' voyou voudrait être ouvrier,
L'ouvrier voudrait êtr' rentier,
Et, dans tous les rangs, les derniers
Voudraient la plac' des premiers.
Refrain
C'est comm' si qu' les derniers troupiers
Prenaient la plac' des officiers,
Et comm' si que le caporal
Voulait commander l'général,
Qu'ça n' pourrait aller qu' bien plus mal ;
Qu' du moment qu' dans un' nation
N'y a plus d' subordination.
C'est comm' si, voilà c' que j' comprends,
D' vant l'enn'mi nous rompions les rangs.
Refrain
Quand même on verrait une fois
Que les voyous seraient les rois,
Et qu' les rois seraient les voyous,
Ça s' rait-i bien meilleur pour nous ?
Ça s' rait comm' si que les pioupious
Se f'saient généraux tous en tas ;
Comme y en aurait plus que d' soldats
Et qu'ils s' battraient continuel'ment,
N'y aurait bientôt plus d' régiment.
Refrain