L’Âme révélée

 

MÉDITER de beaux vers, c’est apprendre son âme,
La strophe est un miroir fidèle où l’on se voit
Dans les traits d’un visage ami, pareil à soi,
Avec la même angoisse aux yeux, la même flamme.

Ce que j’ai de secret, un verbe le proclame ;
Ce que j’ai de confus, un mot l’éclaire en moi ;
Et dans sa vérité mon être s’aperçoit,
Cruel et lamentable, ou doux comme une femme.

Je suis là, par moi-même en face regardé,
D’espérance ou de crainte ou d’amour obsédé,
Libre de l’apparence imposée, ― ô misère ! ―

Vraiment tel que je suis intérieurement,
Triste, inquiet, rêveur, inconstant et sincère,
Mais esclave soumis d’une bouche qui ment !

Collection: 
1898

More from Poet

Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,
Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

Il est dans la montagne, auprès d'un chêne vieux,
Sur le bord d'un chemin sombre et silencieux.

L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule
De sa large ramure...

 

DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
...

 

LES Visions du soir passent, comme des vierges
En fins souliers d’azur, en robes de lin blanc,
Et leurs doigts délicats sont étoilés de cierges
Dont le feu pâle est sous l’haleine vacillant.

Les Visions du soir, cortèges angéliques,
Chantent, dans la...

 

J’IMPROVISE ces vers mystérieux pour une
Qui rayonne de grâce et de blanche beauté,
Dont le regard semble un crépuscule d’été
Qui se meurt lentement par un lever de lune.

Je ne sais pas pourquoi je lui donne ces vers.
Je vois dans ma pensée éclore son...

 

AUX feux de mon esprit qui s’allume dans l’ombre,
Je me regarde vivre avec étonnement :
Une fierté triomphe en ma stature sombre,
Et je suis comme un roi promis au firmament !

J’ai des chants de victoire au cœur, je me célèbre !
Comme autrefois David...