J’ai tout donné pour rien

Or çà, la belle fille,
Ouvrez cette mantille !
C’est trop de cruauté ;
Faites-nous cette joie
Que pleinement on voie
Toute votre beauté.

Apprenez-le, mignonne,
Quand le bon Dieu vous donne
Un corps aussi parfait,
C’est afin qu’on le sache,
Et c’est péché qu’on cache
Le présent qu’il a fait.

Aime-moi, je suis riche
Comme un joueur qui triche,
Comme un juif usurier :
On peut m’aimer sans honte,
La couronne de comte
Rayonne à mon cimier.

Je suis, comme doit faire
Tout fils de noble père,
Les usages anciens :
On m’encense à ma place ;
Mon prêtre, avant la chasse,
Dit la messe à mes chiens.

J’ai de beaux équipages,
Des valets et des pages
À n’en savoir le nom :
J’ai des vassaux sans nombre
Qui vont baisant mon ombre
Et portent mon pennon.

Soupèse un peu, la belle,
Cette lourde escarcelle,
Hé bien, elle est à toi !
Je veux que ma maîtresse
Fasse envie, en richesse,
À la femme d’un roi.

Tu rejettes mes offres ?
Allons, vide tes coffres,
Argentier de Satan !
Fais vite, ou je dépêche,
Juif, ta carcasse sèche
Au diable qui l’attend.

Des robes qu’on déploie,
De velours ou de soie,
Quelle est celle à ton goût ?
Ces riches pendeloques,
Qu’entre les doigts tu choques,
Prends, je te donne tout :

Colliers dont chaque maille
De cent couleurs s’émaille,
Magnifiques habits,
Beaux satins, fines toiles,
Brocarts semés d’étoiles,
Diamants et rubis !

Oui, pour t’avoir, la belle,
Si tu fais la rebelle,
J’engagerais mon bien...
— Merci, mon gentilhomme,
Reprenez votre somme,
J’ai tout donné pour rien.

Collection: 
1833

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