Fugitive

 
Nous sommes étrangers et passons sur la terre
Comme un esquif léger qui fuit en se jouant
Sous les furtifs baisers d’une brise légère,
Et dans l’horizon bleu disparaît lentement ;

Heureux si le sillon qu’il marque dans sa fuite
Demeure quelque temps après qu’il a passé ;
Si quelque tourbillon n’efface tout de suite
Le chemin qu’en son cours rapide il a tracé ;

Heureux si, dans les lieux d’où le sort nous entraîne,
Il nous demeure un cœur où nous vivions encor,
Un seul cœur qui nous suive en la plage lointaine
Que l’on nomme ici-bas le sépulcre d’un mort.

Octobre 1879.

Collection: 
1886

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(extrait)

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... Et sais-tu que toi-même aussi, nocturne reine,
Tu cesseras un jour de briller dans les cieux ?
Tu mourras comme doit mourir la race humaine,
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