Lorsque je serai las de traîner sans envie
Le boulet douloureux du bagne de la vie ;
Lorsque mon cœur blessé sera tout à fait mort,
J’irai, fier, calme et seul, sans crainte ni remord,
Mourir sur une grève où la mer éternelle
Chante loin des humains sa plainte solennelle.
Je m’étendrai, serein, sur le sable mouvant.
Et je resterai là, l’œil dans les cieux rêvant,
Jusqu’à ce que le flot qu’apporte la marée
M’étreigne lentement dans sa robe éplorée.
Et me transporte avec la souffrance, ma sœur,
Dans le vide insondé de son roulis berceur.
Nul ne saura ma mort que l’orage et la nue ;
L’Océan pèsera sur ma tombe inconnue ;
Je pourrai d’infini m’enivrer à loisir,
Et mon tombeau sera grand comme mon désir.