Sais-tu, mignonne ! la pervenche
Émaille déjà les buissons,
Et les oiseaux de branche en branche
Disent tout joyeux leurs chansons.
Partout se réveille la vie
Sous les chauds rayons du soleil :
C’est le printemps, il nous convie
Ensemble à fêter son réveil.
Viens ! nous irons, l’âme joyeuse,
Porter nos pas bien loin, bien haut,
Dans la forêt mystérieuse
Où tout chante le renouveau.
Viens ! à deux il est plus facile
D’épeler au livre de Dieu,
Et si j’y suis trop inhabile,
Tu voudras bien m’aider un peu.
Tu dois comprendre bien des choses
Que seul je ne trouverais pas,
Car tes rêveuses sœurs les roses
Ont dû t’en instruire tout bas ;
Et durant ces heures trop brèves.
Revivant le printemps dernier,
Nous allons retrouver nos rêves
Pris aux épines du sentier.
22 février 1881.