Est-il vrai que le Vers doive vêtir l’armure
Et, quittant le manoir où son orgueil le mure,
Doive, tel qu’un soldat amoureux des clairons,
Marcher dans la bataille humaine, entrer en lutte,
Et, laissant aux loisirs du camp les airs de flûte,
Faire sonner au vent, comme des éperons,
Les rimes d’or sur le pavé des strophes fières ?
— Non ! le Vers doit pleurer, escorter les civières
Où les corps sont pareils à des lis teints de sang.
Il faut que, pacifique, humble, compatissant,
Il aille, dédaignant la bataille futile.
Mais prenant en pitié les faibles qu’on mutile
Et ceux qui sont rompus d’avoir longtemps lutté,
Le Vers, avec des airs de Sœur de Charité,
Leur portera le soir, par la plaine assoupie,
Des doux mots, des mots blancs, comme de la charpie !
Art pur
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