Dans les miroirs j’ai vu des reflets de visages,
Un vent mystérieux a gonflé les rideaux,
Le soir frémit encor de tragiques passages,
L’horreur de l’Invisible a pénétré mes os.
La mémoire de l’ombre évoque une Étranglée
Aux yeux d’effroi, qui porte, ainsi que des rougeurs
De baisers trop fervents sur la chair martelée,
L’empreinte sans pitié de cruels doigts vengeurs.
Une Noyée attend le reflux, et j’écoute,
Tandis que se prolonge un patient travail
De remous, l’eau de mer qui pleure goutte à goutte
De ses cheveux mêlés d’écume et de corail.
Oh ! la beauté funèbre aux visages des Mortes !
Elles glissent, ainsi qu’un rayon nébuleux,
Sous leurs voiles légers, laissant au seuil des portes
D’irréelles lueurs de clairs de lune bleus.
L’heure des Revenants fait tressaillir les cloches.
Ils songent tristement, leurs sanglots ont le bruit
D’une vague tardive expirant sur les roches.
Ils souffrent de passer inconnus dans la nuit.
Leurs impuissantes mains ont de vaines caresses.
À travers l’Autrefois, ils reviennent, liés
Par le ressouvenir des anciennes tendresses,
Et frôlent les vivants qui les ont oubliés.