O vierges qui goûtez la fraîcheur des fontaines,
Êtres de solitude avides d’infini,
Fuyez la Satyresse aux prunelles hautaines,
Au regard que l’éclat du soleil a terni.
Sa fauve chevelure est semblable aux crinières
Et son pas est le pas nocturne des lions.
Sa couche a le parfum du thym et des bruyères.
Elle veut l’heure intense où sombrent les rayons :
C’est l’heure qu’elle attend pour emporter sa proie,
Les seins inviolés, les fronts et les yeux purs,
Qu’elle aime et qu’elle immole à l’excès de sa joie,
Qu’elle imprègne à jamais de ses désirs obscurs.
Son passage flétrit la fraîcheur des fontaines,
Son haleine corrompt les songes d’infini,
Et verse le regret des luxures hautaines
Au rêve que l’odeur des baisers a terni.