Je reviens chercher l’illusion des choses
D’autrefois, afin de gémir en secret
Et d’ensevelir notre amour sous les roses
Blanches du regret.
Car je me souviens des divines attentes,
De l’ombre et des soirs fébriles de jadis…
Parmi les soupirs et les larmes ardentes,
Je t’aimais, Atthis !
J’aimais tes cheveux tissés de clairs de lune,
Ton corps ondoyant qui se dérobe et fuit,
Tes yeux que l’éclat de l’aurore importune,
Bleus comme la nuit.
J’aimais le baiser de tes lèvres amères,
J’aimais ton baiser aux merveilleux poisons,
Jadis ! Et j’aimais tes injustes colères
Et tes trahisons.
Atthis, aujourd’hui tu pâlis, et je passe,
Tel un exilé sans désir de retour,
Toi, moins souriante, et moi, l’âme plus lasse,
Plus loin de l’amour.
Pourtant que d’angoisse en tes vastes prunelles,
Et que d’infini dans nos larges douleurs !
Le rêve irisait de splendeurs irréelles
La pourpre des fleurs.
Voici que s’exhale et monte, avec la flamme
Subtile des chants et la clarté des lys,
L’intime sanglot de l’âme de mon âme :
Je t’aimais, Atthis.