Études et préludes (1909)/Aurore sur la mer

 

                        … quand à mon sanglot : et que
                        les vents orageux l’emporte
                        pour les souffrances !
                        Psappha

        Je te méprise enfin, souffrance passagère !
        J’ai relevé mon front. J’ai fini de pleurer.
        Mon âme est affranchie, et ton ombre légère
        Dans les nuits sans repos ne vient plus l’effleurer.

        Aujourd’hui je souris à l’aube qui nous blesse.
        O vent des vastes mers, qui, sans parfum de fleurs,
        D’une âcre odeur de sel ranimes ma faiblesse,
        O vent du large ! emporte à jamais les douleurs !

        Emporte les douleurs au loin, d’un grand coup d’aile,
        Afin que le bonheur éclate, triomphal,
        Dans nos cœurs où l’orgueil divin se renouvelle,
        Tournés vers le soleil, les chants et l’idéal !

Collection: 
1897

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