Source trois fois féconde, opulente Nature,
Sans t’épuiser jamais, toi qui donnes toujours ;
Toi qui répands à flots sur chaque créature
La vie et ses bienfaits, la vie et ses beaux jours ;
Je t’envie, ô Nature ! ô mère impérissable,
Qui nous verses à tous un lait intarissable !
Poète, que ne puis-je abreuver de mes chants,
Comme toi de tes dons, les purs et les méchants !
Du seuil de mon Eden, poétique domaine,
Que ne puis-je, appelant toute la race humaine,
Dire à l’homme, à l’enfant, aux sages, aux rêveurs :
« Cueillez à pleines mains mes strophes et mes fleurs !
Dans mes vastes jardins aux suaves délices
Entrez ! c’est pour vous tous que s’ouvrent mes calices.
Femme, goûte à ces fruits que l’art a fait germer ;
Vierge, viens respirer la fleur qui fait aimer ;
Poète, viens rêver sous mes ombres fidèles ;
Vieillard, de mon printemps viens voir les hirondelles.
Venez tous ! entrez tous ! vous qui pleurez, hélas !
Vous dont la lèvre rit, vous dont le cœur est las ;
Toi qu’a rendu méchant une longue souffrance ;
Toi qui te meurs d’ennui, toi qui vis d’espérance ;
Venez ! de mon Eden les murs vous sont ouverts.
Tout est à vous : les fleurs, les fruits, les rameaux verts !
Prenez, cueillez au gré de votre fantaisie :
Rien ne peut me tarir, je suis la Poésie ! »
À la Nature
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