Non loin de ton berceau pourquoi la Providence
N'a-t-elle point caché le nid de mon enfance !
Prodiguant tes clartés à mon ciel nuageux,
Tu m'aurais partagé ta lumière et tes jeux ;
Ta brise eût caressé ma tige encor débile ;
Ton ombre eût abrité mon rêve humble et mobile ;
Et la nuit, endormant notre bonheur pareil,
Eût porté dans mon sein la paix de ton sommeil ;
Et l'aube, te baignant des pleurs de sa rosée,
En eût aussi versé sur ma fleur épuisée ;
Et pour ton compagnon, ta nourrice et ta sœur
Auraient eu des regards d'accueil et de douceur.
Tout ce qui t'aime, ami : l'arbre dont le feuillage
Te donne avec amour le frais de son ombrage,
L'oiseau qui vient chanter au bord de ton chemin,
Le bengali qui boit dans le creux de ta main,
Et la brise effeuillant les fleurs à peine écloses
Pour embaumer ton air de la senteur des roses,
Tout, voyant ta bonté fraternelle pour moi,
Tout m'eût peut-être aimé par amitié pour toi.
À Ch. Jamin
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