Soleils ! Poussière d'or éparse aux nuits sublimes
Où l'esprit éperdu s'envole et plonge en vain !
Vous épanchez sur nous, du fond des bleus abîmes,
La bienheureuse paix du silence divin,
Soleils ! Poussière d'or éparse aux nuits sublimes !
Mais qui sait, ô splendeurs, ravissement des yeux,
Qui déroulez sans fin vos spirales sacrées
Dans l'infini désir d'un but mystérieux,
Qui sait si, loin de nous, des voix désespérées,
De plus amers sanglots ne troublent pas vos cieux ?
Enfers ou Paradis des espaces sublimes,
Tels que nous qui passons, ombres d'un songe vain,
L'inévitablel Mort, d'abîmes en abîmes,
Vous entraîne à jamais vers le Néant divin,
Enfers ou Paradis des espaces sublimes !
Ivres et haletants, portés de ciel en ciel
Par l'aveugle et fougueux torrent des Destinées,
Pourquoi jaillissez-vous du Vide originel ?
Que sont des milliards de milliards d'années,
Quand vient l'heure où tout rentre au repos éternel ?
Soleils, Mondes, Amour, illusions sublimes,
Désirs, splendeurs ! si tout est éphémère et vain
Dans nos cœurs aussi bien qu'en vos profonds abîmes,
Votre instant est sacré, votre rêve est divin,
Soleils, Mondes, Amour, illusions sublimes!
Croules donc dans la nuit du Gouffre illimité,
Mondes ! Vivants soleils, éteignes dono vos flammes !
Et toi, qui fais un Dieu de l'homme, ô volupté,
Amour ! Tu peux mourir, ô lumière des âmes,
Car ton rapide éclair contient l'éternité.