« Chacun en sa beauté vante ce qui le touche »

Chacun en sa beauté vante ce qui le touche ;
L’amant voit des attraits où n’en voit point l’époux ;
Mais que d’autres, narguant les sarcasmes jaloux,
Vantent un poil follet au-dessus d’une bouche ;

D’autres, sur des seins blancs un point comme une mouche ;
D’autres, des cils bien noirs à des yeux bleus bien doux,
Ou sur un cou de lait des cheveux d’un blond roux ;
Moi, j’aime en deux beaux yeux un sourire un peu louche :

C’est un rayon mouillé ; c’est un soleil dans l’eau,
Qui nage au gré du vent dont frémit le bouleau ;
C’est un reflet de lune aux rebords d’un nuage ;

C’est un pilote en mer, par un ciel obscurci,
Qui s’égare, se trouble, et demande merci,
Et voudrait quelque Dieu, protecteur du voyage.

Collection: 
1824

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