Vive le roi !… Comme les faux prophètes
L’ont enivré de ce souhait trompeur !
Comme on a vu grimacer à ses fêtes
La Vanité, l’Intérêt et la Peur !
Au bruit de l’or et des croix qu’on ramasse,
Devant le char tout s’est précipité ;
Et seul, debout, je murmure à voix basse :
Vive la liberté !
Vive le roi ! Quand des mages serviles
D’un Dieu mortel flattaient ainsi l’orgueil,
Un autre cri, tombant des Thermopyles,
Vint tout à coup changer leur fête en deuil.
De l’Archipel aux rives du Bosphore,
Après mille ans, l’écho l’a répété,
Et la victoire a pour devise encore :
Vive la liberté !
Vive le roi ! de nos vieilles tourelles
Ce cri souvent ébranla les arceaux,
Quand les seigneurs faisaient pour leurs querelles,
Au nom du prince, égorger les vassaux.
Dans ces débris, où leur ombre guerrière
Agite encor son glaive ensanglanté,
Le voyageur écrit sur la poussière :
Vive la liberté !
Vive le roi ! La voix de la vengeance
Se perd toujours au bruit de ce refrain ;
Pour endormir son éternelle enfance,
Voilà comment on berce un souverain ;
Mais quand la foudre éclate et le réveille,
Seul, sans flatteurs, le prince épouvanté
Entend ces mots gronder à son oreille :
Vive la liberté !