Un feu distinct...

Un feu distinct m’habite, et je vois froidement
La violente vie illuminée entière...
Je ne puis plus aimer seulement qu’en dormant
Ses actes gracieux mélangés de lumière.

Mes jours viennent la nuit me rendre des regards,
Après le premier temps de sommeil malheureux ;
Quand le malheur lui-même est dans le noir épars
Ils reviennent me vivre et me donner des yeux.

Que si leur joie éclate, un écho qui m’éveille
N’a rejeté qu’un mort sur ma rive de chair,
Et mon rire étranger suspend à mon oreille,

Comme à la vide conque un murmure de mer,
Le doute — sur le bord d’une extrême merveille,
Si je suis, si je fus, si je dors ou je veille ?

Un feu distinct m’habite, et je vois froidement
La violente vie illuminée entière...
Je ne puis plus aimer seulement qu’en dormant
Ses actes gracieux mélangés de lumière.

Mes jours viennent la nuit me rendre des regards,
Après le premier temps de sommeil malheureux ;
Quand le malheur lui-même est dans le noir épars
Ils reviennent me vivre et me donner des yeux.

Que si leur joie éclate, un écho qui m’éveille
N’a rejeté qu’un mort sur ma rive de chair,
Et mon rire étranger suspend à mon oreille,

Comme à la vide conque un murmure de mer,
Le doute — sur le bord d’une extrême merveille,
Si je suis, si je fus, si je dors ou je veille ?

Collection: 
1891

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  • Un feu distinct m’habite, et je vois froidement
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    Mes jours viennent la nuit me rendre des regards,
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