Sonnet dix-neuf de vingt neuf

Je tremblais devant elle, et attendais, transi,
Pour venger mon forfait quelque juste sentence,
À moi-même con(sci)ent du poids de mon offense,
Lorsqu’elle me dit, va, je te prends à merci.

Que mon los désormais partout soit éclairci :
Employe là tes ans : et sans plus mes-huy pense
D’enrichir de mon nom par tes vers notre France,
Couvre de vers ta faute, et paye-moi ainsi.

Sus donc ma plume, il faut, pour jouir de ma peine
Courir par sa grandeur, d’une plus large veine.
Mais regarde à son œil, qu’il ne nous abandonne.

Sans ses yeux, nos esprits se mourraient languissants.
Ils nous donnent le cœur, ils nous donnent le sens.
Pour se payer de moi, il faut qu’elle me donne.

Je tremblais devant elle, et attendais, transi,
Pour venger mon forfait quelque juste sentence,
À moi-même con(sci)ent du poids de mon offense,
Lorsqu’elle me dit, va, je te prends à merci.

Que mon los désormais partout soit éclairci :
Employe là tes ans : et sans plus mes-huy pense
D’enrichir de mon nom par tes vers notre France,
Couvre de vers ta faute, et paye-moi ainsi.

Sus donc ma plume, il faut, pour jouir de ma peine
Courir par sa grandeur, d’une plus large veine.
Mais regarde à son œil, qu’il ne nous abandonne.

Sans ses yeux, nos esprits se mourraient languissants.
Ils nous donnent le cœur, ils nous donnent le sens.
Pour se payer de moi, il faut qu’elle me donne.

Collection: 
1550

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