• Ô Vent plaisant, qui d'haleine odorante
    Embaumez l'air du baume de ces fleurs !
    Ô Pré joyeux, où versèrent leurs pleurs
    Le bon Damoete et la belle Amaranthe !

    Ô Bois ombreux, ô Rivière courante,
    Qui vis en bien échanger leurs malheurs,
    Qui vis en joie échanger leurs douleurs,
    Et l'une en l'autre une âme respirante !

    L'âge or'leur fait...

  • Ici seul je me plains, Ô Fresnaie-au-Sauvage,
    A toi de mes ennuis ; et ce bois m'est témoin,
    Ces champs et ces beaux prés, du lamentable soin
    Qui souvent m'accompagne au bord de ce rivage.

    Quand je me vois, Fresnaie, en ton bois, en l'ombrage,
    Racontant ma tristesse en quelque sombre coin,
    Je suis comme un rocher, hors du péril au loin,
    Qui bien aise...

  • Amour, tais-toi, mais prends ton arc ;
    Car ma biche belle et sauvage,
    Soir et matin, sortant du parc,
    Passe toujours par ce passage.

    Voici sa piste, ô la voilà !
    Droit à son coeur dresse ta vire,
    Et ne faux point ce beau coup-là,
    Afin qu'elle n'en puisse rire.

    Hélas ! qu'aveugle tu es bien !
    Cruel, tu m'as frappé pour elle.
    Libre...

  • Mon Du Pont Bellenger, ô que vous fûtes sage
    D'avoir votre pays quitté pour quelque temps !
    Depuis votre départ cent mille mal contents
    Ont la France rempli d'une cruelle rage.

    France, qui devient or' comme un désert sauvage
    Par la barbare main de tant de combattants,
    Les frères en leur sang leurs mains ensanglantant,
    Contre leur mère encor...

  • Frêne hautain, forestier et champêtre
    L'arbre premier de tant d'arbres divers,
    L'arbre immortel au renom de mes vers,
    L'arbre aux serpents toujours odieux maître ;

    Le coudre rompt, mais tu te fais connaître
    Propre à la guerre et jamais de travers
    De toi tortu les monts ne sont couverts,
    Ains haut et droit toujours as voulu naître ;

    Je fais...

  • Seigneur, je n'ai cessé, dès la fleur de mon âge,
    D'amasser sur mon chef péchés dessus péchés ;
    Des dons que tu m'avais dedans l'âme cachés,
    Plaisant, je m'en servais à mon désavantage.

    Maintenant que la neige a couvert mon visage,
    Que mes prés les plus beaux sont fanés et fauchés,
    Et que déjà tant d'ans ont mes nerfs desséchés,
    Me ramentai le mal...

  • Déjà, venant hérissonné
    L'hiver, de froid environné,
    S'en va la plaisante verdure
    De l'été, qui si peu nous dure ;
    Déjà les arbres tout honteux
    Il dépouille de leurs cheveux,
    Et dans la forêt effeuillée
    Court mainte feuille éparpillée ;
    Et déjà Zéphyre mollet,
    Le mignard et doux ventelet,
    Craignant la fureur de Borée,
    S'en est...

  • Une belle Vestale habite au beau rivage
    D'Orne, où c'est qu'elle vit comme en un hermitage.
    Quelquefois en son parc elle se sied au bois,
    Gaillarde sur les eaux elle sort quelquefois,
    Et quelquefois cueillant des fleurs toute pensive,
    EIle en orne son sein, assise sur la rive.
    Maintenant elle semble une Nymphe des eaux,
    Maintenant des forests : et parmi...

  • Baise m'encor, rebaise-moi et baise ;
    Donne m'en un de tes plus savoureux,
    Donne m'en un de tes plus amoureux :
    Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.

    Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
    En t'en donnant dix autres doucereux.
    Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
    Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.

    Lors double vie...

  • Claire Vénus, qui erres par les Cieux,
    Entends ma voix qui en plaints chantera,
    Tant que ta face au haut du Ciel luira,
    Son long travail et souci ennuyeux.

    Mon oeil veillant s'attendrira bien mieux,
    Et plus de pleurs te voyant jettera.
    Mieux mon lit mol de larmes baignera,
    De ses travaux voyant témoins tes yeux.

    Donc des humains sont les...