• Si je trépasse entre tes bras, Madame,
    Il me suffit, car je ne veux avoir
    Plus grand honneur, sinon que de me voir
    En te baisant, dans ton sein rendre l'âme.

    Celui que Mars horriblement enflamme
    Aille à la guerre, et manque de pouvoir,
    Et jeune d'ans, s'ébatte à recevoir
    En sa poitrine une Espagnole lame ;

    Mais moi, plus froid, je ne requiers...

  • Pourtant si ta maîtresse est un petit putain,
    Tu ne dois pour cela te courroucer contre elle.
    Voudrais-tu bien haïr ton ami plus fidèle
    Pour être un peu jureur, ou trop haut à la main ?

    Il ne faut prendre ainsi tous péchés à dédain,
    Quand la faute en péchant n'est pas continuelle ;
    Puis il faut endurer d'une maîtresse belle
    Qui confesse sa faute, et s'...

  • Par un destin dedans mon coeur demeure,
    L'oeil, et la main, et le crin délié
    Qui m'ont si fort brûlé, serré, lié,
    Qu'ars, pris, lassé, par eux faut que je meure.

    Le feu, la prise, et le rets à toute heure,
    Ardant, pressant, nouant mon amitié,
    En m'immolant aux pieds de ma moitié,
    Font par la mort, ma vie être meilleure.

    Oeil, main et crin,...

  • Je veux aymer ardentement,
    Aussi veus-je qu'egallement
    On m'ayme d'une amour ardente :
    Toute amitié froidement lente
    Qui peut dissimuler son bien
    Ou taire son mal, ne vaut rien,
    Car faire en amours bonne mine
    De n'aymer point c'est le vray sine*.

    Les amans si frois en esté
    Admirateurs de chasteté,
    Et qui morfondus petrarquisent,...

  • A Dieu vous dy, Muses Aoniennes,
    Vos musemens m'ont par trop arresté.
    Vos beaux guerdons sont-ce pas pauvreté,
    Langueur, soucy, ennuys, travaux et peines 7

    Et puis vantez vos eaux Pegasiennes !
    Puis promettez une immortalité !
    A Dieu, à Dieu : je n'ay que trop esté
    Repeu du vent de vos promesses vaines.

    Las ! qu'ay je dit ? ô Muses, revenez...

  • Dis-moi, Vénus, pourquoi as-tu permis
    Que celle-là que tant j'aime et pourchasse,
    Que celle-là où j'ai tout mon coeur mis,
    Cruellement me tienne telle audace ?

    Fais, Vénus, fais que son beau teint s'efface,
    Puisqu'alléger ne veut ma maladie,
    Courrouce-toi, rends-la-moi enlaidie,
    Tant qu'à aucun ne plaise à l'avenir.

    Hélas ! Vénus n'en fais...

  • Ô qu'une sagesse profonde,
    Aux aventures de ce monde
    Préside souverainement :
    Et que l'audace est mal apprise
    De ceux qui font une entreprise,
    Sans douter de l'événement.

    Le renom que chacun admire,
    Du prince qui tient cet empire,
    Nous avait fait ambitieux,
    De mériter sa bienveillance,
    Et donner à notre vaillance
    Le témoignage de ses...

  • Il n'est rien de si beau comme Caliste est belle :
    C'est une oeuvre où Nature a fait tous ses efforts :
    Et notre âge est ingrat qui voit tant de trésors,
    S'il n'élève à sa gloire une marque éternelle.

    La clarté de son teint n'est pas chose mortelle :
    Le baume est dans sa bouche, et les roses dehors :
    Sa parole et sa voix ressuscitent les morts,
    Et l'art...

  • Les destins sont vaincus, et le flux de mes larmes
    De leur main insolente a fait tomber les armes ;
    Amour en ce combat a reconnu ma foi ;
    Lauriers, couronnez-moi.

    Quel penser agréable a soulagé mes plaintes,
    Quelle heure de repos a diverti mes craintes,
    Tant que du cher objet en mon âme adoré
    Le péril a duré ?

    J'ai toujours vu Madame avoir...

  • Pleine de langues et de voix,
    Ô Roi le miracle des rois
    Je viens de voir toute la terre,
    Et publier en ses deux bouts
    Que pour la paix ni pour la guerre
    Il n'est rien de pareil à vous.

    Par ce bruit je vous ai donné
    Un renom qui n'est terminé,
    Ni de fleuve, ni de montagne,
    Et par lui j'ai fait désirer
    A la troupe que j'accompagne
    De...