• Marie, vous passez en taille, et en visage,
    En grâce, en ris, en yeux, en sein, et en téton,
    Votre moyenne soeur, d'autant que le bouton
    D'un rosier franc surpasse une rose sauvage.

    Je ne dis pas pourtant qu'un rosier de bocage
    Ne soit plaisant à l'oeil, et qu'il ne sente bon ;
    Aussi je ne dis pas que votre soeur Thoinon
    Ne soit belle, mais quoi ? vous...

  • Comme on voit sur la branche au mois de may la rose,
    En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur,
    Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
    Quand l'Aube de ses pleurs au poinct du jour l'arrose ;

    La grace dans sa feuille, et l'amour se repose,
    Embasmant les jardins et les arbres d'odeur ;
    Mais batue ou de pluye, ou d'excessive ardeur,
    Languissante elle...

  • Donne moy tes presens en ces jours que la Brume
    Fait les plus courts de l'an, ou de ton rameau teint
    Dans le ruisseau d'Oubly dessus mon front espreint,
    Endor mes pauvres yeux, mes gouttes et mon rhume.

    Misericorde ô Dieu, ô Dieu ne me consume
    A faulte de dormir, plustost sois-je contreint
    De me voir par la peste ou par la fievre esteint,
    Qui mon...

  • Pourquoi, comme une jeune Poutre,
    De travers guignes-tu vers moi ?
    Pourquoi, farouche, fuis-tu outre,
    Quand je veux approcher de toi ?

    Tu ne veux pas que l'on te touche,
    Mais si je t'avais sous ma main,
    Assure-toi que dans la bouche
    Bientôt je t'aurais mis le frein.

    Puis, te voltant à toute bride,
    Soudain je te ferais au cours,
    Et...

  • Ce beau corail, ce marbre qui soupire,
    Et cet ébène ornement du sourcil,
    Et cet albâtre en voûte raccourci,
    Et ces saphirs, ce jaspe et ce porphyre,

    Ces diamants, ces rubis qu'un Zéphyre
    Tient animés d'un soupir adouci,
    Et ces oeillets, et ces roses aussi,
    Et ce fin or, où l'or même se mire,

    Me sont au coeur en si profond émoi,
    Qu'un...

  • Le jour pousse la nuit,
    Et la nuit sombre
    Pousse le jour qui luit
    D'une obscure ombre.

    L'Autonne suit l'Esté,
    Et l'aspre rage
    Des vents n'a point esté
    Apres l'orage.

    Mais la fièvre d'amours
    Qui me tourmente,
    Demeure en moy tousjours,
    Et ne s'alente.

    Ce n'estoit pas moy, Dieu,
    Qu'il falloit poindre,
    Ta...

  • Marie, vous avez la joue aussi vermeille
    Qu'une rose de mai, vous avez les cheveux
    De couleur de châtaigne, entrefrisés de noeuds,
    Gentement tortillés tout autour de l'oreille.

    Quand vous étiez petite, une mignarde abeille
    Dans vos lèvres forma son doux miel savoureux,
    Amour laissa ses traits dans vos yeux rigoureux,
    Pithon vous fit la voix à nulle...

  • Mon Dieu, que j'aime à baiser les beaux yeux
    De ma maîtresse, et à tordre en ma bouche
    De ses cheveux l'or fin qui s'escarmouche
    Si gaiement dessus deux petits cieux !

    C'est à mon gré le meilleur de son mieux
    Que ce bel oeil, qui jusqu'au coeur me touche,
    Dont le beau noeud d'un Scythe plus farouche
    Rendrait le coeur courtois et gracieux.

    Son...

  • Ores l'effroi et ores l'espérance
    De tous côtés se campent en mon coeur :
    Ni l'un ni l'autre au combat n'est vainqueur,
    Pareils en force et en persévérance.

    Ores douteux, ores pleins d'assurance,
    Entre l'espoir et le froid de la peur,
    Heureusement de moi-même trompeur,
    Au coeur captif je promets délivrance.

    Verrai-je point avant mourir le...

  • Chanson

    Ma maîtresse est toute angelette,
    Toute belle fleur nouvelette,
    Toute mon gracieux accueil,
    Toute ma petite brunette,
    Toute ma douce mignonnette,
    Toute mon coeur, toute mon oeil.

    Toute ma grâce et ma Charite,
    Toute belle perle d'élite,
    Toute doux parfum indien,
    Toute douce odeur d'Assyrie,
    Toute ma douce tromperie,...