• Monna Keryvel met pour aller paître,
    Pour aller, aux champs, paître ses brebis,
    Avec sa croix d'or qu'a bénite un prêtre,
    Monna Keryvel met ses beaux habits.

    Un doux cavalier s'en vient d'aventure
    Il a " bonjouré " Monna Keryvel ;
    C'est un fils de noble, à voir sa monture,
    Et son parler fin sent l'odeur de miel.

    Monna Keryvel n'a su que...

  • De qui surveillait-il les troupeaux ? On ne sait.

    Mais, chaque soir, à l'heure où le soleil baissait,
    Sur le Roc-Trévézel on le voyait paraître,
    Debout, dans l'attitude immobile d'un prêtre
    En oraison devant l'Esprit de ce haut-lieu...
    Le couchant s'éteignait dans le firmament bleu
    Et les ombres des monts, en nappes déroulées
    Du front chauve des cairns...

  • A Maggie

    Octobre m'apparaît comme un parc solitaire :
    Les mûres frondaisons commencent à brunir.
    Et des massifs muets monte une odeur légère,
    Cet arôme plus doux des fleurs qui vont mourir.

    L'étang, les yeux voilés, rêve, plein de mystère,
    Au fantôme ondoyant de quelque souvenir ;
    Une langueur exquise a pénétré la terre,
    Le temps même a plié...

  • A Madame E.B.

    Un soir que vous rêviez assise au bord des grèves
    Vint s'étendre à vos pieds un harpeur de Quimper.
    Les rêves qu'il chantait ressemblaient à vos rêves
    Comme le bruit des pins aux rumeurs de la mer.

    Il disait la beauté de la terre océane,
    Son sortilège lent, délicat et secret,
    Et c'était votre charme, ô soeur de Viviane,
    Qu'en...

  • C'est un soir d'octobre, à Beg-Meil.

    Par les marches de l'étendue,
    Rouges encor d'un sang vermeil,
    La nuit pieuse est descendue
    Pour ensevelir le soleil.

    De ses mains ferventes et pures,
    Elle a couché l'astre vital
    Dans les somptueuses guipures
    Du grand linceul occidental,

    Et voici qu'au gouffre atlantique
    Où le mort...

  • A Reine-Anne

    Voici venir vers nous le soir aux yeux de cendre,
    Clairs encor d'un reflet de la braise du jour
    Dans le couchant d'août, ma mie, allons l'attendre,
    Parmi l'or pâlissant de notre été d'amour.

    Nous lui dirons : « Sois pur, soir pacifique et tendre,
    Fraîcheur des champs brûlés, repos des membres lourds,
    Oh ! ne te hâte point, soir...

  • Le son de la Syrinx est doux au soir tranquille.
    Faune ! Pour t'écouter la Nymphe des roseaux
    A quitté sa retraite, et l'on voit sur les eaux
    Comme un cygne glisser sa forme juvénile. [...]

  • Je sortais d'une orgie âcre et stupéfiante
    Où ma raison avait brûlé comme un sarment ;
    Plus lourde que le plomb, l'atmosphère ambiante
    Faisait craquer mes os tordus d'accablement.
    La fièvre secouait les cloisons de ma tempe,
    Et dans le cercle blanc et rouge de la lampe
    L'horreur des visions tournait cruellement.

    Des parfums féminins se mêlaient...

  • Quand je reposerai dans la fosse, tranquille,
    Ayant autour de moi l'ombre éternellement ;
    Quand mes membres auront perdu le mouvement.
    Et mes orbites creux le regard qui scintille ;

    Cet être qui fut moi, ce pauvre rien fragile,
    Oublié dormira - pour jamais ossement -
    Et, loin du ciel voilé, silencieusement,
    Rien ne remuera plus sous la couche d'...

  • Me vient sourire en votre doux sourire,
    Me vient chagrin en vos minces chagrins,
    Me vient désir en vos désirs sans freins,
    Me vient lyrisme alors qu'êtes ma lyre.

    Me vient délire en vos nuits de délire,
    Me vient douceur en vos moments sereins,
    Me vient musique en vos chants souverains,
    Me vient fureur à l'heure de votre ire.

    Me vient...