• " - Non, ce taxi, quelle charrette.
    C'est sous les toits, votre entresol ?
    Je t'aime... Oui c'est un tournesol...
    Si tu savais comme il me traite :
    Des claques voilà mes cadeaux !
    Je croyais n'être jamais prête.
    ... Ça ? C'est moi. Laissez les rideaux. "
    " - Le coeur vous est bien en dentelle. "
    " - Mais il faut une heure " dit-elle
    " Rien...

  • L'immortelle, et l'oeillet de mer
    Qui pousse dans le sable,
    La pervenche trop périssable,
    Ou ce fenouil amer

    Qui craquait sous la dent des chèvres
    Ne vous en souvient-il,
    Ni de la brise au sel subtil
    Qui nous brûlait aux lèvres ?

  • Dans le lit vaste et dévasté
    J'ouvre les yeux près d'elle ;
    Je l'effleure : un songe infidèle
    L'embrasse à mon côté.

    Une lueur tranchante et mince
    Echancre mon plafond.
    Très loin, sur le pavé profond,
    J'entends un seau qui grince...

  • Géronte d'une autre Isabelle,
    A quoi t'occupes-tu
    D'user un reste de vertu
    Contre cette rebelle ?

    La perfide se rit de toi,
    Plus elle t'encourage.
    Sa lèvre même est un outrage.
    Viens, gagnons notre toit.

    Temps est de fuir l'amour, Géronte,
    Et son arc irrité.
    L'amour, au déclin de l'été,
    Ni la mer, ne s'affronte.

  • Le sonneur se suspend, s'élance,
    Perd pied contre le mur,
    Et monte : on dirait un fruit mûr
    Que la branche balance.

    Une fille passe. Elle rit
    De tout son frais visage :
    L'hiver de ce noir paysage
    A-t-il soudain fleuri ?

    Je vois briller encor sa face,
    Quand elle prend le coin.
    L'Angélus et sa jupe, au loin,
    L'un et l'autre, s'...

  • Nane, as-tu gardé souvenir
    Du Panthéon-Place Courcelle
    Qui roulait à cris de crécelle,
    Sans au but jamais parvenir ;
    Du jour où te sculptait la brise
    Sous ta jupe noire et cerise ;
    De l'impériale au banc haut,
    Où se scandait comme un ïambe
    La glissade avec le cahot,
    - Et du vieux qui lorgnait tes jambes ?

  • Puisque tes jours ne t'ont laissé
    Qu'un peu de cendre dans la bouche,
    Avant qu'on ne tende la couche
    Où ton coeur dorme, enfin glacé,
    Retourne, comme au temps passé,
    Cueillir, près de la dune instable,
    Le lys qu'y courbe un souffle amer,
    - Et grave ces mots sur le sable :
    Le rêve de l'homme est semblable
    Aux illusions de la mer.

  • I. M. N.

    Plus souple à dénouer mes plis
    Que le serpent n'ondule,
    Ayant tous, ô Vénus Pendule,
    Tes rites accomplis ;

    Quand vint l'heure où le coeur se navre,
    Et des fatals ciseaux,
    Je mourus, comme les oiseaux,
    Sans laisser de cadavre.

  • Dans la rue-des-Deux-Décadis
    Brillait en devanture
    Un citron plus beau que nature
    Ou même au Paradis ;

    Et tel qu'en mûrissait la terre
    Où mes premiers printemps
    Ombrageaient leurs jours inconstants
    Sous ton arbre, ô Cythère.

    Dans la rue-des-Deux-Décadis
    Passa dans sa voiture
    Une dame aux yeux d'aventure
    Le long des murs...

  • " Ce tapis que nous tissons comme
    " Le ver dans son linceul
    " Dont on ne voit que l'envers seul
    " C'est le destin de l'homme.

    " Mais peut-être qu'à d'autres yeux,
    " L'autre côté déploie
    " Le rêve, et les fleurs, et la joie
    " D'un dessin merveilleux. "

    Tel Fô, que l'or noir des tisanes
    Enivre, ou bien ses vers,
    Chante, et s'en va...