• Les cris de la corneille ont annoncé l'orage ;
    Le bélier effrayé veut rentrer au hameau :
    Une sombre fureur anime le taureau
    Qui respire avec force, et, relevant la tête,
    Par ses mugissements appelle la tempête.

    On voit à l'horizon des deux points opposés
    Des nuages monter dans les airs embrasés ;
    On les voit s'épaissir, s'élever et s'étendre.
    D...

  • Ô vous qu'ont enrichis les trésors de Cérès,
    Préparez-vous, mortels, à de nouveaux bienfaits.
    Redoublez vos présents, terre heureuse et féconde ;
    Récompensez encor la main qui vous seconde.
    Et toi, riant automne, accorde à nos désirs
    Ce qu'on attend de toi, du repos, des plaisirs,
    Une douce chaleur, et des jours sans orages.

    Il vient environné de...

  • Sous un berceau de fleurs, un bel enfant repose
    Dans les bras maternels, - deux ivoires polis.
    Vermeil, demi-penché, l'on dirait d'une rose
    Qu'un souffle de printemps incline entre deux lis.

    Déroulée en anneaux, sa chevelure est blonde
    Comme un bouquet d'épis aux mains du moissonneur.
    Bleus comme les lotus qui se mirent dans l'onde,
    Ses yeux en ont...

  • Forêts solitaires et sombres,
    Je viens, dévoré de douleurs,
    Sous vos majestueuses ombres,
    Du repos qui me fuit respirer les douceurs.

    Recherchez, vains mortels, le tumulte des villes ;
    Ce qui charme vos yeux aux miens est en horreur :
    Ce silence imposant, ces lugubres asiles,
    Voilà ce qui peut plaire au trouble de mon coeur.

    Arbres,...

  • et composée par l'auteur huit jours avant sa mort


    J'ai révélé mon coeur au Dieu de l'innocence ;
    Il a vu mes pleurs pénitents.
    Il guérit mes remords, il m'arme de constance ;
    Les malheureux sont ses enfants.

    Mes ennemis, riant, ont dit dans leur colère :
    " Qu'il meure et sa gloire avec lui ! "
    Mais à mon coeur calmé le Seigneur dit en père...

  • L'univers est un temple où l'on voit l'injustice
    Se targuer sur l'autel, un sceptre dans la main.
    La modeste vertu, victime du dédain ;
    Y marche l'oeil baissé devant l'éclat du vice ;
    Et les pâles talents, couchés sur des grabats,
    Y veillent consumés, par la faim qui les presse,
    Tandis que, s'égayant, chantant dans la paresse,
    L'ignorance au teint frais s'...

  • (Fragments)

    ... Eh ! quel temps fut jamais en vices plus fertile ?
    Quel siècle d'ignorance, en beaux faits plus stérile,
    Que cet âge nommé siècle de la raison !
    Tout un monde sophiste, en style de sermon,
    De longs écrits moraux nous ennuie avec zèle,
    Et l'on prêche les moeurs jusque dans la Pucelle.
    Je le sais ; mais, ami, nos modestes aïeux
    ...

  • (extrait)

    Vous que l'on vit toujours chéris de la fortune,
    De succès en succès promener vos désirs,
    Un moment, vains mortels, suspendez vos plaisirs :
    Malheureux... ce mot seul déjà vous importune ?
    On craint d'être forcé d'adoucir mes destins ?
    Rassurez-vous, cruels ; environné d'alarmes,
    J'appris à dédaigner vos bienfaits incertains,
    Et je ne...

  • (extraits)

    J'ai un ciel de désir, un monde de tristesse,
    Un univers de maux, mille feux de détresse,
    Un Etna de sanglots et une mer de pleurs.
    J'ai mille jours d'ennuis, mille nuits de disgrâce,
    Un printemps d'espérance et un hiver de glace ;
    De soupirs un automne, un été de chaleurs.

    Clair soleil de mes yeux, si je n'ai ta lumière,
    Une...

  • ...La châtelaine en sa molle indolence,
    De ses pensers suivait le cours changeant
    Et se taisait. Dans la lampe d'argent,
    Qui se balance à la haute solive,
    Se consumait le doux jus de l'olive ;
    De ses contours ciselés avec art
    Quelques rayons échappés au hasard
    Vont effleurer le ciel, où se déploie
    L'azur mouvant des courtines de soie ;
    Les...