• L'esprit calme des dieux habite dans les plantes.
    Heureux est le grand arbre aux feuillages épais ;
    Dans son corps large et sain la sève coule en paix,
    Mais le sang se consume en nos veines brûlantes.

    A la croupe du mont tu sièges comme un roi ;
    Sur ce trône abrité, je t'aime et je t'envie ;
    Je voudrais échanger ton être avec ma vie,
    Et me dresser...

  • La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,
    Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
    Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
    Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
    Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
    Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
    Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,...

  • Quand le vaillant Hector, le grand rempart de Troie,
    Sortit tout enflammé, sur les nefs des Grégeois,
    Et qu'Achille charmait d'une plaintive voix
    Son oisive douleur, sa vengeance de joie.

    Comme quand le Soleil dedans l'onde flamboie
    L'onde des rais tremblants repousse dans les toits :
    La Grèce tout ainsi flottante cette fois
    Eut peur d'être à la...

  • Nous sommes les crève-de-faim
    Les va-nu-pieds du grand chemin
    Ceux qu'on nomme les sans-patrie
    Et qui vont traînant leur boulet
    D'infortunes toute la vie,
    Ceux dont on médit sans pitié
    Et que sans connaître on redoute
    Sur la grand'route.

    Nous sommes nés on ne sait où
    Dans le fossé, un peu partout,
    Nous n'avons ni père, ni mère,...

  • Damon, ce grand auteur, dont la muse fertile
    Amusa si longtemps et la cour et la ville,
    Mais qui, n'étant vêtu que de simple bureau,
    Passe l'été sans linge et l'hiver sans manteau ;
    Et de qui le corps sec et la mine affamée
    N'en sont pas mieux refait pour tant de renommée ;
    Las de perdre en rimant et sa peine et son bien,
    D'emprunter en tous lieux et de ne...

  • Un grand sommeil noir
    Tombe sur ma vie :
    Dormez, tout espoir,
    Dormez, toute envie !

    Je ne vois plus rien,
    Je perds la mémoire
    Du mal et du bien...
    O la triste histoire !

    Je suis un berceau
    Qu'une main balance
    Au creux d'un caveau :
    Silence, silence !

  • J'ai grand désir
    D'avoir plaisir
    D'amour mondaine :
    Mais c'est grand peine,
    Car chaque loyal amoureux
    Au temps présent est malheureux :
    Et le plus fin
    Gagne à la fin
    La grâce pleine.

  • Quand le grand oeil du Ciel tournoyant l'horizon
    Se darde au Capricorne, où sa chaleur passée
    Se retirant de nous rend la terre glacée,
    Et nous fait ressentir l'hivernale saison,

    L'air lui voyant ravir l'amoureuse toison
    De mille et mille fleurs dont elle est tapissée,
    En pleure, et tout dépit d'une humeur amassée,
    Voile son chef doré d'un autre...

  • Puisse en dépit du Ciel et du grand Jupiter,
    Des signes, du Soleil, des Astres, de la Lune,
    De Nature, de l'Art, du Destin, de Fortune,
    D'Amour, des Éléments, mon tourment s'irriter !

    Que les vents enragés fassent précipiter
    Les étoiles du Ciel dans la mer une à une,
    Que Phoebus et Phoebé rendent sa face brune,
    Et que son foudre même il ne puisse...

  • Un grand voile obscurci parmi l'air s'étendait,
    Qui rouant dans son sein une humeur détenue,
    Semait deçà delà une grêle menue
    Qui martelait la terre et tombant se fondait.

    Un autre vis-à-vis par le vide pendait
    Où se formait maint corps de figure inconnue,
    Tantôt jetant le feu à sillons de la nue,
    Sous qui l'arc assuré oblique se bandait,

    ...