• Que faites-vous dedans mes os,
    Petites vapeurs enflammées,
    Dont les pétillantes fumées
    M'étouffent sans fin le repos ?

    Vous me portez de veine en veine
    Les cuisants tisons de vos feux,
    Et parmi vos détours confus
    Je perds le cours de mon haleine.

    Mes yeux, crevés de vos ennuis,
    Sont bandés de tant de nuages
    Qu'en ne voyant...

  • Mais si faut-il mourir ! et la vie orgueilleuse,
    Qui brave de la mort, sentira ses fureurs ;
    Les Soleils haleront ces journalieres fleurs,
    Et le temps crevera ceste ampoule venteuse.

    Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
    Sur le verd de la cire esteindra ses ardeurs ;
    L'huile de ce Tableau ternira ses couleurs,
    Et ses flots se rompront à la...

  • Ma belle languissait dans sa funeste couche
    Où la mort ces beaux yeux de leurs traits désarmait,
    Et le feu dans sa moëlle allumé consumait
    Les lys dessus son front, les roses sur sa bouche.

    L'air paraissait autour tout noir des nuits funèbres
    Qui des jours de la vie éteignent le flambeau
    Elle perdait déjà son corps dans le tombeau,
    Et sauvait dans...

  • Mon Soleil qui brillez de vos yeux dans mes yeux,
    Et pour trop de clarté leur ôtez la lumière,
    Je ne vois rien que vous, et mon âme est si fière
    Qu'elle ne daigne plus aimer que dans les cieux.

    Tout autre amour me semble un enfer furieux
    Plein d'horreur et de mort dont m'enfuyant arrière
    J'en laisse franchement plus franche la carrière
    A ceux qui...

  • Voulez-vous voir ce traict qui si roide s'eslance
    Dedans l'air qu'il poursuit au partir de la main ?
    Il monte, il monte, il perd : mais helas ! tout soudain
    Il retombe, il retombe, et perd sa violence.

    C'est le train de noz jours, c'est ceste outrecuidance
    Que ces monstres de Terre allaittent de leur sein,
    Qui baise ore des monts le sommet plus haultain...

  • Si tant de maux passez ne m'ont acquis ce bien,
    Que vous croyez au moins que je vous suis fidelle,
    Ou si vous le croyez, qu'à la moindre querelle
    Vous me faciez semblant de n'en plus croire rien ;

    Belle, pour qui je meurs, belle, pensez vous bien
    Que je ne sente point cette injure cruelle ?
    Plus sanglante beaucoup, que la peine éternelle
    Où malgré...

  • L'âme sortant du corps du Roi de l'univers,
    Prenant le bois sacré que l'agneau sans macule
    Avait oint de son sang, ainsi que fit Hercule,
    Magnanime guerrier, elle vint aux enfers.

    Là d'un coup de la croix, elle verse à l'envers
    Les huis impérieux de la maison qui brûle,
    Épouvante Pluton qui confus se recule.
    Elle en tira les siens, y laissant les...

  • Quand on arrêtera la course coutumière
    Du grand courrier des cieux qui porte la lumière,
    Quand on arrêtera l'an qui roule toujours
    Sur un char attelé de mois, d'heures, de jours,
    Quand on arrêtera l'armée vagabonde
    Qui va courant la nuit par le vide des cieux,
    Décochant contre nous les longs traits de ses yeux,
    Lors on arrêtera l'inconstance du Monde...

  • Qu'as-tu ? pauvre amoureux, dont l'âme demi morte
    Soupire des sanglots au vent qui les emporte.
    N'accuse rien que toi. Ton mal est ton désir,
    Et ce dont tu te plains, est ton propre plaisir.
    Tu n'as autre repos que ce qui te tourmente,
    Et t'éjouis au mal dont tu vas soupirant,
    Buvant ce doux-amer qui t'enivre et qui rend
    Ton plaisir douloureux et ta...

  • En mon triste et doux chant
    D'un ton fort lamentable
    Je jette un oeil tranchant
    De perte incomparable
    Et en soupirs cuisants
    Passe mes meilleurs ans.

    Fut-il un tel malheur
    De dure destinée
    Ni si triste douleur
    De dame fortunée
    Qui, mon coeur et mon oeil
    Mis en bière ou cercueil.

    Qui, en mon doux printemps
    Et fleur de...