• L’aube est bien tardive à naître,
    Il a gelé cette nuit ;
    Et déjà sous ta fenêtre
    Mon fol amour m’a conduit.

    Je tremble, mais moins encore
    Du froid que de ma langueur ;
    Le frisson du luth sonore
    Se communique à mon cœur

    Ému comme un petit page,
    J’attends le moment plus sûr
    Où j’entendrai le tapage
    De tes volets sur le mur ;...

  • Pour venir t’aimer, ma chère,
    Je franchis les blancs ruisseaux,
    Et j’ai l’âme si légère
    Que j’ai pitié des oiseaux.

    Quel temps fait-il donc ? Il gèle,
    Mais je me crois au printemps.
    Entends-tu, mademoiselle ?
    Tu m’as rendu mes vingt ans.

    Tu m’as rendu ma jeunesse.
    Ce cœur que je croyais mort,
    Je veux pour toi qu’il renaisse ;...

  •  
        Voici le matin clair… Mon âme ouvre les yeux.
        De ses nocturnes yeux ouverts, elle regarde…
        Avec cette stupeur tragiquement hagarde,
        Redoutant la lumière évidente des cieux.

        C’est l’heure que je crains, celle où s’ouvrent les yeux.
        Vient-il donc m’apporter quelque douleur nouvelle,
        Ce matin dont m’atteint la première...

  • Frileuse enfant de la froide Aude
    Azur... Azur...
    Un jour futur
    Viendra te reprendre.

                                  En maraude
    La mort — doucement — la mort rôde.

    Aime mais bois
    À mes abois,

    J’ai faim des frimas de mon Aude.

  •  
    L’Augusta très-divine est la sœur de l’aurore.
    Elle est fraîche comme elle et comme elle se plaît,
    Dès l’heure où l’horizon frissonne et se colore,
    À fuir la chambre close où la nuit l’exilait.

    Par les couloirs de marbre où filtre un jour bleuâtre.
    Par l’escalier béant aux degrés smaragdins,
    Par les salles où l’eau pleure aux bassins d’albâtre,...

  • AUJOURD’HUI

    Artevelde, les deux Van Eyck, Rubens, Vésale,

    — Éclairs rouges du geste, ou feux blancs des cerveaux —
    Votre orage remplit encor les cœurs nouveaux

    Du tonnerre de vos mémoires...

  • Aujourd’hui

    Artevelde, les deux Van Eyck, Rubens, Vésale,
    — Éclairs rouges du geste, ou feux blancs des cerveaux —
    Votre orage remplit encor les cœurs nouveaux
    Du tonnerre de vos mémoires colossales.

    Les mêmes cieux d’...

  • Prends ce sac, Mendiant ! tu ne le cajolas
    Sénile nourrisson d’une tétine avare
    Afin de pièce à pièce en égoutter ton glas.

    Tire du métal cher quelque péché bizarre
    Et vaste comme nous, les poings pleins, le baisons
    Souffles-y qu’il se torde ! une ardente fanfare.

    Église avec l’encens que toutes ces maisons
    Sur les murs quand berceur d’une bleue...

  • Prends ce sac, Mendiant ! tu ne le cajolas
    Sénile nourrisson d’une tétine avare
    Afin de pièce à pièce en égoutter ton glas.

    Tire du métal cher quelque péché bizarre
    Et vaste comme nous, les poings pleins, le baisons
    Souffles-y qu’il se torde ! une ardente fanfare.

    Église avec l’encens que toutes ces maisons
    Sur les murs quand berceur d’une bleue...