• L’Escaut

    Et celui-ci puissant, compact, pâle et vermeil,
    Remue, en ses mains d’eau, du gel et du soleil ;
    Et celui-là étale, entre ses rives brunes,
    Un jardin sombre et clair pour les jeux de la lune ;
    Et cet autre se jette...

  • L’ESCAUT

    Et celui-ci, puissant, compact, pâle et vermeil,

    Remue, en ses mains d’eau, du gel et du soleil ;
    Et celui-là étale, entre ses rives brunes,
    Un jardin sombre et clair pour les jeux de la lune...

  • Pays des noirs ! berceau du pauvre Arsène,
    Ton souvenir vient-il chercher mon cœur ?
    Vent de Guinée, est-ce la douce haleine
    Qui me caresse et charme ma douleur ?
    M’apportes-tu les soupirs de ma mère,
    Ou la chanson qui console mon père ?…
    Jouez, dansez, beaux petits blancs ;
    Pour être bons, restez enfants !

    Nègre captif, couché sur le rivage,...

  • Captive et peut-être oubliée,
    Je songe à mes jeunes amours,
              À mes beaux jours,
    Et par la fenêtre grillée
    Je regarde l’oiseau joyeux
              Fendant les cieux.

    Douce et pâle consolatrice,
    Espérance, rayon d’en haut,
              Dans mon cachot
    Fais-moi, sous ta clarté propice,
    À ton miroir faux et charmant
              ...

  •  

    Un bel esclave à peau d’ébène,
    Mohammed ou bien Abdallah,
    Pour mon musée, heureuse aubaine,
    Vient du pays de : La Fellah.

    Comme elle, il habitait le Caire ;
    Tout en fumant son latakieh,
    Il la voyait passer naguère
    Sur la place de l’Esbékieh.

    Elle si blanche sous son masque,
    Lui si lumineusement noir ;
    L’une agaçant l’amour...

  •  
    L’art des vers se révèle à l’escrime pareil ;
    Boileau l’a dit un jour à son ami Molière.
    La finesse n’en est qu’aux élus familière,
    Moins simple est ce beau jeu que son froid appareil.

    Il nous tient en haleine et sans cesse en éveil,
    Car la muse a pour nous des rigueurs de guerrière.
    Elle ne se rend pas aux pleurs de la prière,
    Et qui la veut...

  • Posé comme un défi tout près d’une montagne,
    L’on aperçoit de loin dans la morne campagne
    Le sombre Escurial, à trois cents pieds du sol,
    Soulevant sur le coin de son épaule énorme,
    Éléphant monstrueux, la coupole difforme,
    Débauche de granit du Tibère espagnol.

    Jamais vieux pharaon, au flanc d’un mont d’Égypte,
    Ne fit pour sa momie une plus noire...

  •  
    .... Hopes like stars but bright to fall.
    Miss L. E. LANDON.

    Nos espérances ressemblent à ces étoiles qui ne brillent que
    pour tomber.

    Loin de moi, séduisante fée,
    Loin de moi ton prisme imposteur !
    Trop souvent ton souris menteur
    Apaisa ma plainte étouffée.
    Pourquoi te plaire à m’égarer,
    Pourquoi ces perfides...

  •  
    L’Espérance est un merle blanc
    Dont nous sommes la triste haie :
    Elle voltige sur la plaie
    Et siffle au bord du cœur tremblant.

    Mais son vol n’est qu’un faux semblant ;
    Sa sérénade n’est pas vraie.
    L’Espérance est un merle blanc
    Dont nous sommes la triste haie.

    Et tandis que, rapide ou lent,
    Le Désespoir est une orfraie
    Dont...

  • Quand le dernier reflet d’automne
    A fui du front chauve des bois ;
    Qu’aux champs la bise monotone
    Depuis bien des jours siffle et tonne,
    Et qu’il a neigé bien des fois ;

    Soudain une plus tiède haleine
    A-t-elle passé sous le ciel :
    Soudain, un matin, sur la plaine,
    De brumes et de glaçons pleine,
    Luit-il un rayon de dégel :

    Au...