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    A vous, puissans du monde, à vous, rois de la terre,
    Qui tenez dans vos mains et la paix et la guerre,
    À vous de décider si lassés de souffrir,
    Les grecs ont pris le fer pour vaincre ou pour mourir :
    Si du Tage au Volga, de la Tamise au Tibre,
    L’Europe désormais doit être esclave ou libre.
    Libre, elle bénira votre auguste équité ;
    Non qu’elle...

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    Eh bien ! mon cher lecteur, comment me trouvez-vous ?
    D’être lu jusqu’au bout me jugez-vous indigne ?
    Les plus sages, mon Dieu ! sont souvent les plus fous,
    Et Kant sans déroger peut pêcher à la ligne.

    Et puis, qui trop pleura, — ceci dit entre nous, —
    Souvent, faute de mieux, à rire se résigne.
    Oui ! mais trop rire aveugle et gare aux casse-cous....

  • Bornons ici cette carrière.
    Les longs ouvrages me font peur.
    Loin d’épuiser une matière,
    On n’en doit prendre que la fleur.
    Il s’en va temps que je reprenne
    Un peu de forces et d’haleine,
    Pour fournir à d’autres projets.
    Amour, ce tyran de ma vie,
    Veut que je change de sujets ;
    Il faut contenter son envie.
    Retournons à Psyché ; Damon...

  • C’est assez, suspendons ma lyre,
    Terminons ici mes travaux :
    Sur nos vices, sur nos défauts,
    ...

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    Une dernière fois reviens en mes pensées,
    O jeunesse aux yeux clairs,
    Et, dans mes mains encor, pose tes mains glacées.
    Le soir parfume l’air.

    Souviens-toi des matins où tous deux, côte à côte,
    Notre ombre nous suivant,
    Sur le sable fragile et parmi l’herbe haute
    Nous allions dans le vent.

    Ce que je veux de toi,

    ce n’est pas, ô...

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    Seigneur ! en un jour grave, il m’en souvient, Seigneur !
    Seigneur, j’ai fait le vœu d’une œuvre en votre honneur.

    C’est donc pour vous qu’ici brûlent d’abord des lampes
    Qui disent votre gloire et sont mes dithyrambes.

    Toutes ces chastes Premières Communiantes
    Vêtent mes rêves blancs de leurs robes qui chantent.

    C’est pour prix de vos biens et...

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    C’est l’automne, la pluie et la mort de l’année !
    La mort de la jeunesse et du seul noble effort
    Auquel nous songerons à l’heure de la mort :
    L’effort de se survivre en l’œuvre terminée.
    Mais c’est la fin de cet espoir, du grand espoir,
    Et c’est la fin d’un rêve aussi vain que les autres :
    Le nom du dieu s’efface aux lèvres des apôtres
    Et le...

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    Mère d’Aristophane et du puissant Molière,
            Muse, pardonne si, ma main
    S’élevant un moment jusqu’à ton front divin,
    J’ai pris ton masque pourpre et m’en suis fait visière !
    Pour gloser, badiner et railler par derrière
    De façon à charmer notre pays malin,
    Il faut beaucoup de verve, un esprit juste et fin
            Et surtout une voix légère...

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    Ici toute une vie invisible est enclose
    Qui n’a laissé voir d’elle et d’un muet tourment
    Que ce que laisse voir une eau d’aspect dormant
    Où la lune mélancoliquement se pose.

    L’eau songe ; elle miroite ; et l’on dirait un ciel,
    Tant elle s’orne d’étoiles silencieuses.
    Ô leurre de ce miroir artificiel !
    Apparence ! Sérénités fallacieuses !

    ...
  • Le soleil, moins ardent, luit clair au ciel moins dense.
    Balancés par un vent automnal et berceur,
    Les rosiers du jardin s’inclinent en cadence.
    L’atmosphère ambiante a des baisers de sœur.

    La Nature a quitté pour cette fois son trône
    De splendeur, d’ironie et de sérénité :
    Clémente, elle descend, par l’ampleur de l’air jaune,
    Vers l’homme, son sujet...