• Ce n’était, l’an passé, qu’une enfant blanche et blonde
    Dont l’œil bleu, transparent et calme comme l’onde
    Du lac qui réfléchit le ciel riant d’été,
    N’exprimait que bonheur et naïve gaîté.

    Que j’aimais dans le parc la voir sur la pelouse
    Parmi ses jeunes sœurs courir, voler, jalouse
    D’arriver la première ! Avec grâce les vents
    Berçaient de ses...

  • Il est deux Amitiés comme il est deux Amours.
            L’une ressemble à l’imprudence ;
    Faite pour l’âge heureux dont elle a l’ignorance,
            C’est une enfant qui rit toujours.
            Bruyante, naïve, légère,
            Elle éclate en transports joyeux.
    Aux préjugés du monde indocile, étrangère,
    Elle confond les rangs et folâtre avec eux....

  • Pourquoi donc, jeune Laïs,
    Rêveuse au bord de ma couche,
    Sur mes amours au pays
    M’interroger bouche à bouche ?
    J’ai, pour eux, dans nos déserts,
    Chanté sur toutes les notes…
    Mais, à propos de mes vers,
    Faites donc vos papillotes.
    Vous soupirez, et pourquoi ?
    Riez vite !
    Ma petite :
    Vous soupirez, et pourquoi ?
    Riez vite,...

  • Deux ancolies se balançaient sur la colline.
    Et l’ancolie disait à sa sœur l’ancolie :
    Je tremble devant toi et demeure confuse.
    Et l’autre répondait : si dans la roche qu’use
    l’eau, goutte à goutte, si je me mire, je vois
    que je tremble, et je suis confuse comme toi.

    Le vent de plus en plus les berçait toutes deux,
    les emplissait d’amour et mêlait...

  •  
    L’ÉTOILE.

    Où vas-tu, comète insensée,
    À travers l’océan des airs ?

    LA COMÈTE.

    Docile au dieu qui m’a lancée,
    Visiter d’autres univers.

    L’ÉTOILE.

    De cieux en cieux, de monde en monde
    Veux-tu donc t’égarer toujours,
    Sans loi qui règle de ton cours
    La force aveugle et vagabonde ?

    LA COMÈTE.

    Et que sais-tu,...

  •  
    Nous étions à moitié de tout.
    MONTAIGNE. Liv. I, chap. 27.

    Au milieu de ces monts qui dominent l’Alsace,
    Où de muets torrens, des abîmes de glace
    Assiègent de dangers les pas du voyageur,
    Où d’antiques ravins la profonde largeur
    Semble, en se dérobant sous l’épaisseur des neiges,
    Aux courses du chasseur...

  •  
    LA PEAU-ROUGE.

    Itibapishi ma ! frère au pâle visage,
    Ma mémoire, en tous lieux, a gardé ton image ;
    J’ai senti, j’ai pleuré ton absence, en tous lieux ;
    Le désert s’est ému de mes cris douloureux !
    Loin des sombres cités, retrouvant la lumière,
    Viens rajeunir ton âme à la source première !
    Viens, dans la solitude, ô...

  •  
    L’airain sonne ; aux clartés de la lune sereine,
    Sous des voiles d’azur, la nuit d’été ramène
    Les larmes dans les bois et la rosée aux fleurs.
    Dans l'échoppe, au vallon, boivent deux voyageurs.

    Voyez, au travers du vitrage,
    Où l’ormeau berce son feuillage,
    Le croissant les montre à demi.
    Souriant avec amertume
    A sa coupe, où la bière...

  • Un chansonnier nous chante la canaille,
    Et ce mot-là désigne, selon lui,
    Les artisans, l'ouvrier qui travaille,
    Le jeune artiste un peu bohème et qui,
    Sans le vouloir, vit aux dépens d'autrui,
    Le Jacobin courant à la bataille
    Et qui, chantant, combat nos ennemis,
    Bref, tous les gens honnêtes et mal mis ;
    Ce chansonnier voit ainsi la canaille,...

  •  
    O Canada, plus beau qu'un rayon de l'aurore,
    Te souvient-il des jours où, tout couvert encore
    Du manteau verdoyant de tes vieilles forêts,
    Tu gardais pour toi seul ton fleuve gigantesque,
    Tes lacs plus grands que ceux du poème dantesque
    Et tes monts dont le ciel couronne les sommets ?

    Te souvient-il des jours où, mirant dans les ondes
    Le...