•  
    Après vos sœurs et votre mère,
    Enfant au cœur tendre et soumis,
    Que la nature vous soit chère :
    Les champs sont vos meilleurs amis.

    L’air des champs donne avec largesse
    Comme un autre lait maternel ;
    Il fait croître en âge, en sagesse,
    L’enfant placé là par le ciel.

    C’est la voix du monde champêtre,
    L’aspect des prés verts, du lac...

  • Ne sois pas étonné si la foule, ô poète,
    Dédaigne de gravir ton œuvre jusqu’au faîte !
    La foule est comme l’eau qui fuit les hauts sommets :
    Où le niveau n’est pas, elle ne vient jamais.
    Donc, sans prendre à lui plaire une peine perdue,
    Ne fais pas d’escalier à ta pensée ardue :
    Une rampe aux boiteux ne rend pas le pied sûr.
    Que le pic solitaire...

  •  
    Tous les fruits du verger ne sont pas mûrs encor,
    Mais l’automne apparaît dans les bois jaunes d’or ;
    La brume se répand, grise comme la cendre,
    Au pied de ce coteau que tu vas redescendre.
    Sur la pierre annonçant la moitié du chemin,
    Que fait cet homme assis et le front dans sa main ?
    Il écoute les voix de la saison extrême
    Gémir dans la forêt...

  •  
    Une enfant de seize ans, belle, et qui, toute franche,
                 Ouvrant ses yeux, ouvrait son cœur,
    S’est inclinée un jour comme une fleur se penche,
                 Agonisante deux fois blanche
                 Par l’innocence et la...

  • Ta douleur, du Perrier, sera donc éternelle ?
          Et les tristes discours
    Que te met en l’esprit l’amitié paternelle
          L’augmenteront toujours ?

    Le malheur de ta fille au tombeau descendue
          Par un commun trépas,
    Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
          Ne se retrouve pas ?

    Je sais de quels appas son enfance était pleine ;...

  •  
    Honoratus, évêque, à Séréna, salut :

    Enfant prédestinée aux épreuves divines,
    Ma fille, s’il est vrai que le Seigneur se plut
    A couronner ton front d’innocentes épines,
    Si tes pleurs ont coulé sur le sein maternel,
    Si ton cœur virginal, troublé des premiers rêves,
    Nourrit de longs espoirs ses félicités brèves
    Et d’un terrestre amour fit un...

  •  
    L’hiver disparaissait. La neige était fondue,
    Et la saison des fleurs, si longtemps attendue,
    Par d’agrestes concerts annonçait son retour.
    Les oiseaux revenaient gazouiller leur amour
    Sur les buissons discrets qui les avaient vus naître.
    Un admirable instinct leur faisait reconnaître
    Le léger nid de foin qui les avait bercés.
    Les nuages...

  • Tout chante ses louanges, les champs, les forêts, la vallée et
    les montagnes : le rivage en retentit ; la mer tonne sourdement
    le nom de l’éternel, et l’hymne reconnaissant de la nature peut à
    peine monter jusqu’à lui.

    Et sans cesse elle chante celui qui l’a créée, et du ciel à la
    terre, partout sa voix résonne : parmi l’obscurité des nuages le
    ...

  •  
    Clydie, au crépuscule assise dans les fleurs,
    Regarde, à l’orient, de ses beaux yeux rêveurs
    Les constellations, claires géométries,
    Au velours bleu du soir fixer leurs pierreries.
    Mélanthe les indique et, le doigt vers les cieux,
    Les nomme par leurs noms doux et mystérieux :
    Pégase, le Dragon, Cassiopée insigne,
    Andromède et la Lyre, et la...

  • Était une fois un pauvre homme
    Qui n’avait jamais bu de vin.
    « Allons donc ! » direz-vous. C’est comme
    J’ai l’honneur… C’est bizarre ! Enfin,

    Il vivait quand même, il faut croire
    Bien que ce soit mourir un peu,
    À mon avis — de ne pas boire
    De ce joli Vin du Bon Dieu.

    Or, un jour, disent les chroniques.
    Son roi, vrai roi d’Eldorado,
    ...