Conseils des champs

 
Après vos sœurs et votre mère,
Enfant au cœur tendre et soumis,
Que la nature vous soit chère :
Les champs sont vos meilleurs amis.

L’air des champs donne avec largesse
Comme un autre lait maternel ;
Il fait croître en âge, en sagesse,
L’enfant placé là par le ciel.

C’est la voix du monde champêtre,
L’aspect des prés verts, du lac bleu,
Qui vous feront le mieux connaître
Et chérir la bonté de Dieu.

Aimez donc les bois, la fontaine,
L’étang bordé de longs roseaux,
Les petites fleurs, le grand chêne,
Tout peuplé de joyeux oiseaux.

L’air parle sous sa fraîche voûte ;
Le nid chanteur, dès son réveil,
Au pieux enfant qui l’écoute
Donne toujours un bon conseil.

Enfant qui devez être un homme,
Les bois vous diront des secrets ;
Venez, il faut que je vous nomme
Les grandes vertus des forêts.

Préservant la paisible enfance
De nos désirs et de nos maux,
L’ombre, la fraîcheur, le silence.
S’éternisent sous ces rameaux.

Le chêne, aux jours d’ardeurs brûlantes,
— Pour que tout vienne en sa saison, —
Garde, à ses pieds, les jeunes plantes
D’une précoce floraison.

Aimez cet arbre aux fortes branches ;
Voyez, sous son feuillage épais,
Comme l’œil bleu de ces pervenches
Dans l’ombre vous sourit en paix.

Sur le chêne essayant sa force,
L’enfant, jusqu’au nid du bouvreuil,
En s’aidant des nœuds de l’écorce,
Sait grimper comme l’écureuil.

Jouez sous le chêne robuste,
Et vous grandirez comme lui ;
Et, vous-même, d’un jeune arbuste,
Quelque jour, vous serez l’appui.

Ces chants que l’arbre fait entendre,
Cette ombre aux viriles douceurs,
Vous pourrez un jour les répandre
Sur votre mère et sur vos sœurs.

Imitez les grands bras du chêne
Qui lutte avec le vent du nord ;
Endurcissez-vous à la peine,
C’est en luttant qu’on devient fort.

Loin de vous une enfance molle !
Du laboureur, du bûcheron,
Suivez, enfant, la rude école ;
L’homme fort peut seul être bon.

Pour faire ainsi vos jours utiles
Et doux à ceux que vous aimez,
Profitez des leçons fertiles
Dont les champs sont partout semés.

Partout la nature sereine
Offre l’aide avec le conseil :
Semez, enfant, la bonne graine,
Dieu vous donnera le soleil.

Collection: 
1832

More from Poet

Pourquoi, vous qui rêvez d'unions éternelles,
Maudissez-vous la mort ?
Est-ce bien moi qui romps des âmes fraternelles
L'indissoluble accord ?

N'est-ce donc pas la vie aux querelles jalouses,
Aux caprices moqueurs,
Qui vient, comme la feuille à travers ces...

Voix des torrents, des mers, dominant toute voix,
Pins au large murmure.
Vous ne dites pas tout, grandes eaux et grands bois,
Ce que sent la nature.

Vous n'exhalez pas seuls, ô vastes instruments,
Ses accords gais ou mornes ;
Vous ne faites pas seuls, en vos...

Déjà mille boutons rougissants et gonflés,
Et mille fleurs d'ivoire,
Forment de longs rubans et des noeuds étoilés
Sur votre écorce noire,

Jeune branche ! et pourtant sous son linceul neigeux,
Dans la brume incolore,
Entre l'azur du ciel et nos sillons...

I

Quand l'homme te frappa de sa lâche cognée,
Ô roi qu'hier le mont portait avec orgueil,
Mon âme, au premier coup, retentit indignée,
Et dans la forêt sainte il se fit un grand deuil.

Un murmure éclata sous ses ombres paisibles ;
J'entendis des sanglots et...

Choeur des Alpes

Vois ces vierges, là-haut, plus blanches que les cygnes,
Assises dans l'azur sur les gradins des cieux !
Viens ! nous invitons l'âme à des fêtes insignes,
Nous, les Alpes, veillant entre l'homme et les dieux.

Des amants indiscrets l'abîme nous...