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    Chopin, frère du gouffre, amant des nuits tragiques,
    Âme qui fus si grande en un si frêle corps,
    Le piano muet songe à tes doigts magiques
    Et la musique en deuil pleure tes noirs accords.

    L’harmonie a perdu son Edgar Pœ farouche
    Et la mer mélodique un de ses plus grands flots.
    C’est fini ! le soleil des sons tristes se couche,
    Le Monde pour...

  • Non ! Ce n’est pas toujours le vent
    Qui fait bouger l’herbe ou la feuille,
    Et quand le zéphyr se recueille,
    Plus d’un épi tremble souvent.

    Soufflant le parfum qu’elle couve,
    Suant le poison sécrété,
    La fleur bâille à la volupté,
    Et dit le désir qu’elle éprouve.

    Certaines donnent le vertige
    Par le monstrueux de leur air,
    ...

  • Les choses de l’amour ont de profonds secrets.
    L’instinct primordial de l’antique Nature
    Qui mêlait les flancs nus dans le fond des forêts
    Trouble l’épouse encor sous sa riche ceinture ;
    Et, savante en pudeur, attentive à nos lois,
    Elle garde le sang de l’Ève des grands bois.

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    L’ai-je jamais aimée ou n’est-ce qu’un léger
    Caprice qui m’a fait un moment fleurir l’âme ?
    Ainsi dans les jardins, sous le soleil en flamme,
    Les floraisons d’avril que le vent fait neiger.

    Est-ce elle que j’aimais ou l’amour ? Que m’importe,
    Si j’ai senti mon cœur pavoisé d’un drapeau,
    Si j’ai pendant un jour trouvé le ciel plus beau
    Et joui...

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    À B. MARCEL

    CE n’est pas sur nos maux que la Mer se lamente ;
    Ne berçons plus nos cœurs à la plainte des flots,
    Car nous ne rendrons pas à l’immortelle amante
    Celui que dans l’air vide appellent ses sanglots.

    Ariadne, à Naxos, n’attend plus de Thésée ;
    Les sœurs de Prométhée ont fui le roc amer,
    Les temps sont abolis et la...

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    Dèiè yon gwo touff pingoin
    L'aut'jou, moin contré Choucoune ;
    Li sourit l'heur' li ouè moin,
    ...

  • La nuit avait semé ses nuages limpides
    Tout autour de la lune, astre rêveur et blanc,
    Qui, du ciel bleu foncé sur l'onde au pâle flanc,
    Semblait faire pleuvoir l’argent en jets fluides.
     
    La voile, au long du mât, pendait pleine de rides
    Tant la brise était molle et le flot somnolent.
    Mes songes balancés au gré du bateau lent,
    Suivaient la vision...

  • La haute cathédrale est grise, presque noire,
    Et découpe un profil austère sur les cieux.
    Une voix vague sort des blocs silencieux :
    Dans leur langue gothique [2] ils nous disent de croire.

    C’est le reflet et c’est la vivante mémoire
    Des âges d’autrefois sauvages et pieux.
    On sent qu’en...

  • Sur le mur décrépit du cloître ancien et froid,
    À droite, dans le fond de la salle où l’on croit
    Sentir l’horreur des lieux où reviennent des ombres,
    Voilée, et recevant des vitres toujours sombres
    Le peu de jour qui sied à la paix des tombeaux,
    Une peinture encor fière, presque en lambeaux,
    Se dresse ; on ne voit qu’elle en entrant : c’est la Cène.
    La...

  • Vous êtes la beauté. Vers la pure Ionie [2]
    C’est de vous que naquit Vénus [3] au temps des dieux,
    Et vous avez formé son corps victorieux
    De votre onde mobile à la lumière unie.

    C’est vous, près des vaisseaux, qui faisiez l’...