• Les Mavromikhalis, les aigles du vieux Magne,
    Ont traqué trois cents Turks dans le défilé noir,
    Et, de l’aube à midi, font siffler et pleuvoir
    Balles et rocs du faîte ardu de la montagne.

    L’amorce sèche brûle et jaillit par éclair
    D’où...

  • Baisé d’une lueur citrine
    Par un funèbre lumignon,
    Mon cœur trône dans ma poitrine
    Comme un sarcophage mignon.

    Au fond de ce cercueil étrange,
    Sur un tapis de fleurs de Mai,
    Tu dors, pauvre morte, cher ange,
    Première et seule que j’aimai !

    Un songe sans fin t’émerveille,
    Et la flamme couleur d’ennui,
    Fidèle étoile de ta nuit,
    ...

  •  
        Voici le soir… Voici l’orage aux cris amers,
        Et la foule s’assemble au fond de la chapelle
        Où l’on cherche Marie et n’espère qu’en Elle.

        O vaisseau qui se noie en l’abîme des mers,
        O Dieu ! je cherche en vain l’ombre de la chapelle,
        Voici le soir… Voici l’orage aux cris amers.

        Et dans mon cœur sévit la tempête des mers...

  •  

    Les chapelles des coins de bois

    Revivent toutes à la fois,
    Quand les roses s’éveillent ;
    Les saints du paradis se fêtent tour à tour,
    Et la Vierge s’entoure
    D’une humble Cour

    De fleurs rouges et de jaunes abeilles.

    Les fermières au cœur pieux...
  • Ne dissimule pas ton sourire qui tremble,
    Lève sur moi tes yeux sans trouble et sans regret,
    Et nous irons cueillir la fleur qui te ressemble,
    Dans le champ nébuleux qui longe la forêt,
    Les mystiques chardons dédaignés du profane.

    Je...

  •                          I.

    Si déjà nos forêts, par les vents dépouillées,
    De leur feuillage aride ont jonché leurs allées ;
                 Si la nature prend le deuil,
    L’art nous rend les trésors que le temps nous enlève ;
    Au sein de nos hôtels un jour plus doux se lève :
                 L’hiver n’ose en franchir le seuil.

    Le plaisir, dont la voix aux...

  • D’une main timide
    On sonne au couvent.
    Le regard humide,
    Les cheveux au vent,

    C’est un pauvre frère
    Parti le matin
    Pour aller refaire
    Le pain et le vin.

    Mais sa mule alerte
    Bondit sans fardeau,
    Trouvant le temps beau
    Dans la plaine ouverte.

        Lui n’a rapporté
        Que la charité.

    L’aube toute en larmes...

  •  
    Sans relâche, depuis mille et huit cents années,
    Sous tous les ciels, le long des routes étonnées
    De ce passant ancien qui revenait toujours,
    Ahasvérus marchait, la tête et les pieds lourds.
    L'antique lassitude écrasait ce pauvre homme ;
    Et, tandis que, sans halte et sans espoir de somme,
    Il se traînait comme un blessé qui voudrait fuir,
    Cinq...

  •  
    AUX FEMMES

    Qui donne au pauvre, prête à Dieu.

    Femmes ! l’hiver est là dans toute sa tristesse,
    Ramenant avec lui ces longs jours de détresse
    Qui répandent le deuil sous plus d'un toit glacé :
    Le Pauvre attend quelqu’un pour sauver sa famille ;
    A son foyer muet plus de rayon qui brille,
    Le pain a disparu, le...

  • J’AI lu, je ne sais où, qu’un Français en Afrique,
    Errant au plus profond d’un pays chimérique
    Qui ne porte aucun nom sur la carte, n’étant
    Qu’une immense fournaise où du sable s’étend,
    Les pieds brûlés à vif, le corps en proie aux fièvres,
    Sans rien à boire avec de la soif plein les lèvres,
    Se traîna sur un peu de gazon roux, et là,
    Des plis de son...